Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 33]

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EXPLOITATION TECHNIQUE DES CHEMINS DE FER.

un supplément de sécurité, en se mettant en garde contre

les conséquences d'une erreur ou d'une négligence de l'aiguilleur. La compagnie de l'Ouest. au contraire, ayant établi des appareils d'enclanchement à toutes ses bifurcations, a disposé ses signaux et rédigé ses règlements en tenant compte des propriétés de ces appareils et de la sécurité qu'ils procurent, et elle en a profité pour se donner de plus grandes facilités dans l'organisation du service. La compagnie de Lyon, qui transforme en ce moment ses signaux de bifurcation en généralisant l'usage des appareils d'enclanchement, applique aux bifurcations qui sont munies de ces appareils un nouveau règlement qui, comme celui de l'Ouest, fait reposer dans une certaine mesure la sécurité sur les propriétés de ces appareils. Les règlements de la première catégorie, ceux par conséquent qui doivent assurer la sécurité, abstraction faite des appareils d'enclanchement, reposent tous sur un même principe, à savoir : l'interdiction absolue de donner passage à deux trains à la fois sur les voies d'une bifurcation. L'observation de cette règle assure évidemment la sécurité d'une manière- complète; toutefois elle n'est pas théoriquement nécessaire, au moins sous cette formule absolue. S'il s'agit par eyemple d'une bifurcation à double voie, il n'y a de danger de collision qu'entre deux trains abordant l'une et l'autre la bifurcation par le talon, ou entre l'un de ces trains et un train arrivant en sens inverse par la pointe des aiguilles et se dirigeant vers la voie de droite. Un train abordant la bifurcation par la pointe et se dirigeant vers la gauche peut au contraire passer sans danger en même

temps qu'un train quelconque venant en sens inverse. Mais, s'il doit suffire d'une erreur de l'aiguilleur pour amener une collision, il importe avant tout de lui donner une consigne simple, facile à comprendre et à exécuter. Pour éviter tout malentendu, le plus simple et le plus stil' est d'interdire d'une manière absolue le passage simultané

SYSTÈMES DE SIGNAUX. - APPAREILS D'ENCLANCHEMENT. 65

de deux trains. On peut au contraire se départir de cette règle, si par des combinaisons d'enclanchement on rend toute erreur de l'aiguilleur impossible; on peut alors sans inconvénient lui donner une consigne plus compliquée, à la condition de traduire en quelque sorte mécaniquement cette consigne, de telle manière qu'en aucun cas on ne puisse donner aux signaux et aux aiguilles d'autres positions relatives que celles que la consigne autorise, et qui correspondent aux mouvements de trains pouvant s'effectuer sans danger de collision. C'est d'après ce dernier principe qu'est établi le règlement des signaux des bifurcations de la compagnie de l'Ouest, ainsi que le nouveau règlement de la compagnie de Lyon applicable seulement aux bifurcations munies d'appareils d'enclanchement. Un second principe est commun aux règlements de signaux de bifurcation de toutes les compagnies, sauf celle de l'Ouest. Il consiste à couvrir constamment les trois branches d'une bifurcation par des mâts de signaux qui sont maintenus normalement tournés à l'arrêt, et qui ne doivent être ouverts que successivement, et dans les conditions prescrites par la consigne de l'aiguilleur, pour donner passage aux trains venant de l'une ou de l'autre des trois directions. La compagnie de l'Ouest distingue au contraire la direction la plus importante, qui est considérée comme la ligne principale, et qui est normalement ouverte au passage des trains. L'autre direction est seule fermée à l'état normal ; elle ne doit s'ouvrir qu'après qu'on a disposé les aiguilles dans la position convenable, et après qu'on a fermé les signaux de la ligne principale de façon à couvrir le passage des trains de l'embranchement.

Les règlements des compagnies du Midi, du Nord, de l'Est et d'Orléans ne sont que des applications des deux principes que nous venons d'énoncer : Interdiction absolue d'ouvrir la voie à deux trains à la fois. Fermeture constante des trois branches d'une bifurcation par des signaux TOME XVIII, 1880.

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