Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
DE LA HOUILLE. 2 06
MÉMOIRE SUR LA FORMATION
pas développés sur leurs propres débris comme les mousses; l'analogie de ces végétaux avec ceux de certains pays insulaires intertropicaux, où il ne se forme pas de tourbe pro-
prement dite, quoique les débris d'écorces et de feuilles puissent encore se conserver dans les marais, etc. M. F. Mohr, partisan de la formation marine, objecte au
tourbage quelques-unes des borines raisons suivantes l'alternance de filets argileux et charbonneux ; l'intercalation dans la houille de minces lits de schistes très continus; raisons qui s'opposent également à la théorie en ce qu'elles exigent autant d'oscillations du sol ou d'interruptions du tourbage qu'il y a de lits charbonneux, car c'est une excep-
tion de trouver dans la tourbe des lits de schistes, et il n'en saurait être autrement. La différence de structure existant entre la houille et la tourbe proprement dite ne peut moins faire que de concorder avec une différence dans le mode de formation,
puisque, d'un côté, la disposition des débris végétaux reconnaissables formant la houille est constamment celle
d'un dépôt sous l'eau, et que, d'un autre côté, dans la tourbe, ils sont entrelacés comme ceux des plantes qui se détruisent et se décomposent sur place. TRAITS D'UNION ENTRE LE PRÉSENT ET LE PASSÉ.
Si, toutefois, laissant de côté la tourbe de montagne, nous n'avons en vue que la tourbe des marais profonds, nous ne pouvons nous empêcher de trouver quelque analogie dans le mode d'accumulation des débris de plantes sous l'eau ; en sorte que, pour nous, les lacs marécageux représentent très imparfaitement et en tout petit, sous le rapport qui nous occupe, les bassins carbonifères au moment de la formation des couches de houille.
Que l'on amplifie en effet par la pensée le phénomène que nous avons observé dans l'Oural, et l'on aura une
207
couche de tourbe stratifiée, sauf près des bords de la lagune.
Si maintenant nous nous reportons à ce qui se passe
dans les étangs, nous voyons encore plus d'analogie ; nous y avons, en tout cas, l'image de la formation de certains lignites et schistes charbonneux.
Mais si la formation du lignite se retrouve en petit, il n'en saurait être de même du terrain houiller, qui s'est formé par enfoncement de vallées attirant par cela même tout à elles dans les dépressions produites. On connaît dans le sud de l'Amérique du Nord, entre le
28 et le 37° degré, dans un pays plat, humide et chaud, d'immenses forêts marécageuses, qui nous donnent une image des contrées carbonifères ; des cours d'eau claire circulant dans les marais se rendent dans des lacs. Que ceux-ci se creusent, que la tourbe s'y écoule et que des affluents boueux venant de pentes non boisées environnantes y versent les produits minéraux de la désagrégation super-
ficielle d'un terrain granitique, et l'on aura quelque chose d'analogue à ce qui se passait pendant la formation d'un bassin houiller.
On veut que le passé ait ressemblé au présent. A cela on peut répondre que la tourbe est une formation presque exclusive de notre époque ; le Dr Blandet la rapporte à une accalmie fluviatile. C'est en tout cas un phénomène des contrées froides et tempérées qui ne pouvait pas
se produire à. l'époque carbonifère. Le climat s'y opposait de telle manière que, n'avait été l'entraînement et le dépôt par les eaux de la matière végétale des marécages houillers dans des dépressions où le limon venait les ensevelir et les
conserver, cette époque n'aurait pas donné de charbon minéral.
Aujourd'hui il y a des formations charbonneuses de
deltas, de lacs et de lagunes. Il en était de même à l'époque des lignites, c'est pourquoi ces combustibles gisent dans