Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
36 2
COMBUSTION DES MÉLANGES GAZEUX.
Malgré la faible vitesse de la flamme, l'ouvrier auteur de l'accident aura peu de chance de s'échapper, parce que la vitesse d'écoulement des gaz brûlés, sera environ sept fois plus grande que celle de la flamme, c'est-à-dire de près de it mètres par seconde ; il lui serait donc impossible d'éviter leur atteinte, si, comme nous l'avons supposé, la galerie est remplie tout entière du mélange le plus explosif. Le point où les effets calorifiques seront les plus intenses sera l'entrée de la galerie où passera la flamme de la totalité du mélange explosif. A l'extrémité fermée de la galerie
les effets calorifiques seront relativement peu intenses, parce qu'en ce point le volume des gaz brûlés sera un minimum. C'est un fait bien connu que les ouvriers travaillant dans un chantier en cul-de-sac présentent après un accident des brûlures moins profondes que ceux qui se trouvent un peu plus loin dans la galerie. On se tromperait
étrangement si on tirait de ce fait la conclusion que le chantier était relativement exempt de gaz au moment de l'explosion, et que par suite l'origine de celle-ci doit être cherchée ailleurs. Si au contraire nous supposons l'inflammation portée à l'extrémité fermée d'une galerie en cul-de-sac, ce qui pourra être occasionné par l'ouverture d'une lampe, le tirage du coup de mine, il se produira une violente explosion signalée par un bruit intense, et produisant sur son passage des effets mécaniques redoutables ; c'est qu'alors la vitesse de propagation de la flamme pourra être centuplée ; les pressions produites se rapprocheront de celles que nous avons obtenues en vase clos, soit 7 atmosphères, ou 7o. 000 kilogrammes, par mètre carré superficiel. Il arrivera de plus
que la majeure partie du mélange explosif pourra être refoulée dans des galeries d'aérage certainement exemptes
de grisou en temps normal et y produire les ravages les plus effrayants. Ce fait s'est produit dans un grand nombre d'accidents de mines et faute d'en avoir trouvé la véritable
VITESSE DE PROPAGATION.
363
explication, on a attribué à ces accidents des origines fort peu vraisemblables. Les explosions se produisant dans ces conditions sont doublement désastreuses, et par les effets qu'elles produisent directement, et par l'agitation qu'elles créent dans toute la mine. La violence du vent soulève les poussières et les jette dans la flamme dont elles augmentent l'intensité ; les changements brusques et énormes de
pression arrachent des remblais, des cloches, les amas de grisou qui y sont toujours bien plus abondants que dans les galeries ; si bien qu'une mine bien aérée, et en apparence exempte de grisou, pourra être parcourue dans toute son étendue par la flamme de ce gaz. Dans les explo-
sions de ce genre, les effets calorifiques répartis sur une plus grande étendue devraient être moins considérables si les poussières et le gaz, sortant des remblais en augmentant
la quantité de chaleur totale, ne venaient pas compenser l'effet produit par une répartition différente de la flamme. Ce sera toujours dans les chantiers en cul-de-sac, même dans celui qui aura été le point de départ de l'explosion que les traces du leu seront les moindres. Si l'on suppose enfin l'inflammation mise au milieu d'une galerie communiquant par ses deux extrémités avec le reste
de la mine, et c'est là le cas général, les choses se passeront à peu près comme dans le cas précédent, à cela près que la flamme se propagera simultanément dans deux directions opposées. Si les résistances à l'écoulement du gaz sont en effet les mêmes dans les deux sens, il n'y aura pas de mouvement au point d'inflammation , ce point pourra donc être considéré comme l'extrémité fermée de deux tubes juxtaposés bout à bout. Dans le cas où la résistance serait illégale, l'explosion atteindra sa plus grande violence dans la direction de moindre résistance.