Annales des Mines (1884, série 8, volume 6) [Image 275]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

520

NOTES D'UN VOYAGE

évacue sur le flanc de la montagne les eaux de la carrière et celle de la balance alimentée par un cours d'eau capté à la surface ; ce même cours d'eau sert à actionner les moteurs des ateliers de réparation. L'abatage se ressent beaucoup du mode employé pour le règlement des salaires. L'ouvrier 'au rocher ou rockman n'a qu'un but, celui de produire beaucoup, aussi s'occupe-t-il fort peu de l'aménagement général de son chantier et du danger qu'il peut y avoir à laisser des parties stériles pour aller directement au rocher franc. Attaché à une corde, il descend sur les anfractuosités qui se présentent sur la hauteur du banc et fore des trous, en les disposant de manière à utiliser autant que possible les délits naturels du rocher. Il n'emploie guère pour explosif que la poudre en grains, réservant le cotonpoudre et la dynamite pour le sautage des parties stériles. Le tirage des mines a lieu toutes les heures ; au son de la trompe, les ouvriers se retirent à l'écart ou se réfugient dans des abris ; ils attendent, pour retourner à leur chantier, qu'un nouveau signal soit donné. L'emploi excessif des explosits, le décalabrage (*) d'Angers érigé en méthode d'exploitation courante, la hauteur considérable des bancs, suffisent à expliquer le grand nombre d'accidents qui se produisent dans ces carrières. Les blocs de schiste abattus sont « alignés » en morceaux

de taille convenable pour être envoyés aux fendeurs. A cet effet le rockman, après avoir fendu le bloc en morceaux de forte épaisseur, le divise ensuite longitudinalement. Cette opération (guernure en long d'Angers), appelée pillaring, se fait avec une grande facilité sui(*) On appelle ainsi l'opération qui consiste à faire tomber les blocs menaçant la sécurité des ouvriers après une chute. Ce travail dangereux est confié à des mineurs spéciaux,U qui l'exécutent suspendus à une corde en s'échafaudant suivant les circonstances.

AUX AI1DOISIkRES DU PAYS DE GALLES..

521

vant la direction d'un certain plan, sorte de second clivage transversal, portant également le nom de pillaring, variable pour chaque exploitation. Il suffit d'un fort coup de marteau sur un ciseau appliqué au fond d'une entaille en forme de V, à l'une des extrémités d'un bloc de plus d'un mètre de long et de 7 à 8 centimètres d'épaisseur, pour produire la division suivant le pillaring.

Dans le cas où la longueur du bloc atteint plusieurs mètres, le rockman assure la direction du clivage en perçant au milieu un trou, dans lequel il introduit trois coins en fer formant aiguille infernale. Quelques coups

de masse sur le coin en saillie suffisent à amener la fente.

Cette faculté du pillaring, que l'on retrouve aux

Ardennes sous le nom de longrain, différencie complètement le schiste du Carnarvonshire de celui d'Angers

et ne peut être comparée au long du schiste de ce

dernier centre. La division en travers présente à peu près la même difficulté qu'a Angers ; aussi les ouvriers laissent-ils le plus souvent les morceaux à la longueur des

blocs abattus après les avoir refendus à une épaisseur voisine de deux pouces, la subdivision en longueurs convenables devant se faire à l'atelier de sciage.

Dinorwic slate guarry, à Llanberis. L'ardoisière de Dinorwic, aussi importante que la précédente, en est distante de quelques kilomètres seulement à vol d'oiseau. Elle est située sur le flanc de la montagne dominant la rive du lac. Padarn, en face du village de Llanberis, et reliée par un embranchement spécial à la ligne du Lon. don and North Western railway. On y exploite les mêmes couches que dans la carrière de Penrhyn en suivant une méthode analogue à la précédente ; elle n'en diffère qu'en ce que les divers chantiers, au lieu d'être réunis, sont Tome VI, 1884.

33