Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
208 ÉTUDE DES MOUVEMENTS DE L'ÉCORCE TERRESTRE
grisou (*).
Il
est naturel de penser que les déga-
gements qui occasionnent des séries de coups de grisou, se succédant comme des feux de file dans des localités souvent d'ailleurs assez éloignées, résultent de petites crises qui ne peuvent manquer de se produire dans le jeu de l'écorce terrestre, tendant continuellement à perdre de son, étendue, et auxquelles on doit aussi rattacher les séries de tremblements de terre. « J'ai cette idée depuis longtemps, car je me souviens
en avoir parlé à M. Combes à l'occasion d'une suite de graves accidents, qui, d'après ce souvenir, remontent à plus de dix ans. « Mais , à cette époque, l'idée en crédit et que M. Combes m'opposa immédiatement était celle de l'influence des dépressions barométriques, influence qui, je dois le dire en passant, quoique maintenant en défaveur,
n'en constitue pas moins, à mon avis, un facteur dont on ne doit pas négliger la considération. « Je ne voyais d'ailleurs dans l'observation méthodique des coups de grisou qu'un moyen de rattacher les crises de l'écorce aux fractures que décèlent à la surface du sol diverses sortes de faits géologiques ou simplement orohydrographiques, et la détermination de ces rapports était seulement un objet à joindre à ceux en vue desquels je continue à poursuivre le développement de la Cartographie en projection gnomonique, où les traces des plans diam& traux qu'adoptent principalement les fractures sont repré-
sentées par des lignes droites. « Les perfectionnements des observations sismographiques principalement poursuivis en Italie, dont j'ai eu l'occasion d'apprécier déjà tout l'intérêt en 1881, lors du Congrès de Géologie tenu à Bologne, et l'extrême sûreté () Extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences (séance du I" avril 1883).
ET DES DÉGAGEMENTS DE PRODUITS GAZEUX.
209
des procédés que M. d'Abbadie, promoteur de ces études, et M. Bouquet de la Grye emploient pour constater les petits mouvements de l'écorce terrestre, m'ont fait entrevoir la possibilité de tirer de ce genre d'observations un moyen pratique de prévoir, dans une certaine mesure, les dégagements de grisou. Les accidents désastreux qui
se sont produits, en série, dans ces derniers temps, me déterminent à ne pas tarder plus longtemps à appeler l'attention sur cette possibilité. « Je pense que des appareils sismographiques installés à portée des exploitations houillères, annonçant les recrudescences d'activité dans ces mouvements intérieurs des terrains,- pourraient fournir des avertissements d'après lesquels on redoublerait de surveillance et de précautions,
et ce premier pas serait sans doute suivi de pas plus
importants dans la voie de la prévision. « Assurément il peut se passer longtemps avant que la corrélation des mouvements de l'écorce et des dégagements de grisou soit établie d'une manière tout à fait satisfaisante, mais ce n'est là qu'une raison de plus pour ne pas différer l'entreprise des études. « La rapidité avec laquelle les observations météorologiques ont conduit à des prévisions précieuses concernant les mouvements de l'atmosphère peut d'ailleurs faire espérer que des observations, qui en seraient pour ainsi dire la contre-partie et pourraient être facilement multipliées dans les mêmes observatoires, arriveraient assez promptement à donner des résultats utiles. »
Cette note fut soumise, par son auteur, à M. Raynal, Ministre des Travaux publics , avec la proposition d'envoyer
une mission en Italie, pour recueillir de visu tous les renseignements sur les méthodes d'observation mises en pratique dans ce pays et sur les résultats obtenus. M. Raynal, dans sa sollicitude pour la sécurité des