Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 230]

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GÉOLOGIE ET INDUSTRIE MINIÈRE

Comme on le voit, la main-d'uvre chinoise a pris dans la presqu'île une très grande importance. Aujourd'hui,

l'industrie et le commerce sont presque partout entre les mains des tao-kés. Les Malais, paresseux et surtout très irréguliers dans leurs travaux, ne peuvent lutter contre. la race jaune.

Associations chinoises. En même temps qu'ils apportaient leurs procédés d'exploitation et de métallurgie, les Chinois ont aussi introduit

dans la presqu'île malaise les principes des nombreuses associations dans lesquelles la race jaune puise la majeure partie de sa force. Les sociétés chinoises sont de nature différente, suivant

les classes de la société auxquelles elles s'appliquent, mais elles poursuivent toutes le même but : « Amener entre les mains de la race jaune le commerce et l'industrie du pays afin d'imposer ses coutumes et ses moeurs, et de créer loin de la Chine de nouvelles patries où l'excès de la population de l'Empire du Milieu puisse trouver un vaste

champ de travail et de vie ». De nombreuses sociétés secrètes, dont les chefs habitent

'les grandes villes, dirigent presque dans les moindres détails la conduite des Chinois, et n'ont pour but que de conserver intactes les coutumes chinoises en repoussant les innovations européennes. Ces sociétés reçoivent leurs fonds de tous leurs membres ; elles rendent en échange

des services à chacun d'eux lorsqu'ils ont besoin de recommandations ou même de capitaux pour leurs affaires. Les divers membres doivent suivre, sans les discuter, les ordres qui leur sont donnés par les chefs ; s'ils ne s'y conforment pas, ils sont dénoncés à tous les sociétaires

'et traqués par eux jusqu'à ce qu'ils soient rentrés dans .le devoir. La seule influence qu'exercent sur, les entre

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prises minières ces sociétés secrètes porte sur les coolies :

elles leur prescrivent d'être toujours hostiles aux innovations européennes et de lutter sans relâche contre les directeurs des affaires et les employés européens, afin de les faire disparaître et de les remplacer par des Chinois. Les associations financières, commerciales ou indus-

trielles se présentent chez les Chinois sous toutes les formes possibles, bien qu'il n'existe pas d'affaires purement chinoises, montées par actions. Je ne parlerai que de celles qui ont rapport aux mines. Le mode de la société en participation est très fréquent et est appliqué dans de très vastes proportions. Plusieurs

Chinois réunissent leurs capitaux et leurs efforts personnels pour mener à bien l'exploitation d'une mine ; chacun travaille suivant ses aptitudes et a droit à un bénéfice proportionnel à son apport de fonds. Cette Méthode supprime absolument les frais généraux. Il est très fréquent qu'un tao-ké ne disposant pas de capitaux suffisants pour ouvrir des travaux de mine sur une grande échelle, forme avec ses amis une société en commandite et leur donne des intérêts proportionnels à leurs apports. Il arrive souvent aussi que les capitalistes se réservent un revenu régulier de 10 ou 12 p. 100 de leurs fonds. Quelque soit le produit de l'affaire, l'excès des bénéfices sur l'intérêt des fonds engagés est alors réparti entre les sociétaires suivant des conventions préalables.

Le mode de société le plus usité dans le royaume de Perak est celui des associations coopératives : il intéresse

chacun des coolies à la réussite de l'affaire et rémunère le tao-ké ou les propriétaires de la mine suivant des conditions stipulées, soit verbalement quand le nombre des ouvriers n'est pas considérable, soit par contrat signé du tao-ké et de chacun des travailleurs. Les formes précédentes d'associations sont souvent