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EXPÉRIENCES SYNTHÉTIQUES SUR L'ABRASION.
mène se répète indéfiniment, les éléments de la roche ne
tardent pas à se projeter en relief, à être ébranlés dans leur alvéole et ils finissent par tomber à l'état de sable pour devenir alors actifs à leur tour et contribuer à user d'autres roches massives. C'est ainsi que se produisent les sculptures naturelles désignées quelquefois sous le nom de blocs perchés et qui, possédant une sorte de tête 'plus ou moins globuleuse reposant sur une base amincie,
imitent grossièrement la forme d'un champignon. Ces blocs ont été reconnus et décrits dans une foule de localités, et particulièrement en Californie et dans le Colorado, par MM. Blake, Newberry et Gilbert ; dans le Sahara, par M. Rolland; dans le centre de l'Afrique, par M. Schweinfurth ; dans la vallée de Iagnaous (Kokistan), près d'Anzob , où M. Préwalsky cite des colonnes d'érosion de 10 mètres de hauteur surmontées chacune d'une grosse pierre.
Les sables ne laissent pas toujours des marques de leur action aussi nettes que celles qui s'aperçoivent sur les blocs perchés ; le plus souvent toute trace semble même disparaître puisque les débris sont enlevés à mesure qu'ils se produisent. Néanmoins de sérieuses modifications du relief du sol ont eu lieu ; il ne sera possible de
s'en rendre compte qu'en agissant par synthèse, en reproduisant artificiellement le phénomène et en cherchant à mesurer son intensité dans des conditions diverses. Tel est le but que je me suis proposé dans les expériences qui suivent et pour lesquelles j'ai été aidé avec beaucoup de zèle et d'intelligence par M. Chevallier, préparateur de minéralogie à la faculté des sciences de Nancy, auquel je suis heureux d'adresser ici tous mes remerciements. Lorsque des grains de sable chassés par l'air en mou-
vement viennent frapper les roches, ils produisent à la surface de celles-ci une usure que nous désignerons sous le nom d'abrasion. La langue française d'usage commun
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ou même scientifique est pauvre en termes destinés à indiquer l'action destructive des divers agents atmosphé-
riques sur les roches. Il en est tout autrement pour la langue anglaise qui possède les mots abrasion, erosion, et aussi le verbe to weather qui « exprime le résultat général de toutes les variété S d'actions météoriques sur la portion superficielle des roches (*). lin français, nous ne
possédons que les termes destruction, usure, érosion, qui sont loin d'avoir la précision des termes anglais. Quoi qu'il en soit, et suivant l'exemple de Dana, nous adopterons le terme abrasion pour exprimer spécialement l'action usante mécanique produite par l'air agissant comme véhicule de particules solides, réservant le mot érosion pour indiquer cette même action d'usure mécanique lorsqu'elle est causée par tout autre agent, eau, frottement mutuel des roches entre elles, frottement au
fond des glaciers, etc. Son origine latine, abradere lui donne le droit de devenir français et de remplacer dans ce cas particulier le mot usure dont l'acception est beaucoup trop générale pour le sujet de ce travail. Les effets de l'abrasion atteignent leur maximum d'intensité dans les contrées sablonneuses telles que les déserts de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique ; cependant, on les observe aussi le long des côtes maritimes partout où l'existence d'une plage en même temps que de roches non protégées vient fournir au phénomène les moyens de S'accomplir; il est probable que cette action est beaucoup
plus générale qu'on ne serait porté à le croire et les innombrables poussières minérales sans cesse en suspension dans l'atmosphère doivent exercer une abrasion sur les murs des édifices et partout où des matériaux solides et résistants se trouvent à découvert. J'ai vu les vitres des cabines de bains de mer complètement dépolies après Geikie, Text-book of geology, p. 319.