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CONDITIONS DU TRAVAIL ET GRÈVE DE 1889
On peut évaluer, pensons-nous, à 150.000 le nombre total des grévistes dans le milieu du mois de mai. Ce n'est qu'au commencement de juin que la grève s'est terminée complètement en Prusse. Les journaux allemands ont rendu compte de ses manifestations extérieures, des collisions sanglantes avec les troupes qui ont eu lieu sur quelques points, et de l'intervention de l'empereur d'Allemagne pour pacifier les esprits
et amener une entente entre les ouvriers et les patrons. D'autre part les Ministères des travaux publics et de l'intérieur ont procédé conjointement à une enquête sur les doléances des ouvriers et les conditions du travail dans les districts houillers. Prescrite tardivement par un arrêté du 25 mai, elle a eu lieu en juin. Des Commissions
mixtes, composées d'Ingénieurs des mines et de fonctionnaires dépendant du Ministère de l'intérieur, se sont transportées sur les houillères et ont reçu, dans la forme juridique, les dépositions des mineurs et des exploitants, en petit nombre d'ailleurs , qui ont demandé à être entendus. Le document officiel qui rend compte de leurs investiga-
tions est la principale source à laquelle nous avons puisé les détails techniques et les chiffres consignés dans cette étude relativement aux causes et aux résultats immédiats
de la grève des mineurs prussiens. Il est à peu près muet sur le rôle de l'empereur Guillaume. Mais on sait, par la presse allemande, que c'est dans une réunion de quatre ou cinq mille grévistes, sur le champ de manuvre de Bochum, le 9 mai, qu'on résolut
de solliciter de l'Empereur une audience pour trois délégués des mineurs. La demande ayant été transmise par le Gouverneur, cette audience fut accordée par dépêche et fixée au 14. Dans l'intervalle, le Ministre de l'intérieur, le Président supérieur de la province et le Général commandant le 70 corps faisaient chacun leur enquête et renseignaient l'Empereur.
DANS LES HOUILLÈRES PRUSSIENNES.
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Le ferme langage que les délégués ont dû entendre mérite d'être cité
Chacun de mes sujets, s'il a un voeu ou une prière à exprimer, est assuré d'être écouté de son Empereur. Je vous l'ai prouvé, puisque j'ai permis à votre députation de venir à Berlin et de m'apporter elle-même les voeux des mineurs.
Mais vous vous êtes conduits d'une façon illégale ; votre attitude est illégale puisque vous avez cessé le travail sans respecter le délai de quinzaine auquel vous êtes tenus.
Vous êtes donc en rupture de contrat. Il est très compréhensible que cette conduite ait irrité vos patrons par suite des dommages qu'elle leur cause.
Il y a plus : des ouvriers qui ne voulaient pas se mettre en grève et désiraient continuer à travailler ont été contraints par violences et menaces de cesser leur travail. Quelques-uns ont résisté aux autorités et se sont attaqués à des propriétés particulières ; de sorte que la force militaire appelée pour protéger ces propriétés a dû parfois intervenir. Et après tout cela, vous voudriez donc que le travail ne soit repris nulle part avant d'avoir obtenu satisfaction sur toutes vos réclamations ! Quant à vos réclamations, je les ferai examiner avec grande attention par mon administration, et il vous sera donné connaissance des résultats de cette enquête par les autorités compétentes.
Mais s'il devait se produire des résistances contre l'autorité ; si la tranquillité devait être troublée s'il s'é;
tablissait des relations entre vous et les groupes démocratiques et socialistes, alors ne comptez en aucune façon sur la bienveillance de votre roi car pour moi tout démocrate socialiste est un ennemi de l'Empire, un ennemi de la Patrie. Si je remarque dans votre attitude la moindre tendance vers les principes démocratiques socialistes, si