Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 292]

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DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES.

REVUE DE L'ÉTAT ACTUEL

Les corrosions extérieures prennent naissance surtout par l'action des fuites d'eau de la chaudière, action des-

tructive dès qu'elle se prolonge. Elle s'exerce le long .des pinces, autour des rivets et de tous les joints mal faits, notamment autour des bouchons autoclaves souvent démontés. Ces corrosions ne doivent pas exister sur une chaudière bien construite et bien entretenue. Si la fuite se produit au contact de la maçonnerie, qui forme alors comme un emplâtre toujours humide sur la tôle, la corrosion extérieure s'étend sur toute la surface couverte. Un autre genre de corrosion extérieure a été constaté

sur des réchauffeurs léchés par des gaz déjà fortement refroidis et installés dans des carneaux humides : elle tient alors à la présence d'acide sulfurique dans les suies qui recouvrent ces réchauffeurs. L'acide provient des pyrites que renferme fréquemment la houille. Cette action

ne se produit pas lorsque les gaz quittent la chaudière a une température un peu élévée (voir Annales, 7° s., t. IX,

p. 455 et t. XI, p. 366). Enfin les tôles peuvent s'altérer au point où elles sont

le plus chauffées, au « coup de feu » des chaudières, surtout si des dépôts les tapissent à l'intérieur. Tin défaut assez fréquent des tôles, et surtout des tôles fines, est celui des pailles ou dédoublures provenant du défaut de soudure des mises ; parfois la dédoublure produit le soulèvement d'une bosse qui se détruit rapidement. Dès que la paille ou la bosse a quelque étendue, il faut remplacer la tôle ou du moins mettre une pièce, qui se trouve

dans de mauvaises conditions, la rivure et la double épaisseur de métal étant au point le plus chauffé. Négligence et imprudences dans l'emploi des appareils.

Les deux causes principales d'accidents imputables au mauvais emploi des appareils sont les excès de pression et le défaut d'alimentation. L'excès de pression est voulu ou non, suivant que les soupapes sont à dessein

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surchargées ou calées, ou bien mal entretenues et collées

siège. Poussé trop loin, l'excès de pression amène nécessairement une rupture ; mais une bonne sur leur

chaudière supportera, sans grand danger, une certaine surcharge, qui, bien entendu, ne doit jamais être tolérée. Les effets du manque d'eau et de l'alimentation intempestive sur des tôles trop chauffées ont été souvent exagérées : il existe une sorte de légende à ce sujet dans le public, qui est porté à attribuer toutes les explosions à cette cause. Il est certain que les tôles perdent leur ténacité quand elles arrivent au rouge : si l'on s'aperçoit qu'une chaudière est dans cet état dangereux, il faut jeter le feu et éviter toute cause d'augmentation de pression même légère. C'est surtout dans les chaudières à foyer intérieur que le manque d'eau peut avoir des conséquences désastreuses, parce que les ciels de foyer, une fois découverts, arrivent vite au rouge. Lorsque les tôles sont très ductiles, il arrive quelquefois, en pareil cas,

qu'elles s'emboutissent vers l'intérieur du foyer, sous l'action de la pression de la vapeur, sans se déchirer. L'exposition des associations citées plus haut en offrait de remarquables exemples.

Lorsqu'une explosion se produit, plusieurs causes ont en général contribué à l'accident ; il y aura, par exemple, une cause primordiale, mauvaise qualité ou corrosion des tôles, et une cause occasionnelle, imprudence du chauffeur. On est trop souvent porté à donner une impor-

tance exagérée à cette dernière cause, et à perdre de vue la première, qui devait presque fatalement' amener l'accident un jour ou l'autre. Disons cependant qu'aujourd'hui, grâce aux travaux des associations de propriétaires d'appareils à vapeur, on envisage la question sous son vrai jour et l'on reconnaît qu'il faut non seulement qu'une chaudière soit menée avec prudence, mais encore qu'elle soit bien construite, avec de bons matériaux, et