Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 253]

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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

nissable qui pénètre les narines. On respire un air chargé de vapeurs salées, de gaz sulfhydrique, d'hydrogène car-

boné, sans compter les émanations de ces ruisseaux, couleur du Styx, où croupit un liquide qu'on ne peut appeler de l'eau. Bientôt on entre dans un des nombreux marchés nécessaires à ce pays populeux, où l'on sentira

l'arôme de toutes les sauces et fritures qui attirent les passants. On retombe ensuite dans un endroit moins fortuné où les puits sont plus rares. Puis viennent alternativement

d'autres beaux groupes de sauneries et d'autres marchés; un d'entre eux plus grand, plus riche, dans le voisinage des salines les plus productives: On traverse le .grand centre du commerce, on suit pendant cinq ly une rue en zig-zag qui monte et descend au gré des collines. Après ce grand forum, vrai capharnaüm de toutes les productions chinoises, voici encore d'autres centres de

salinage, d'autres puits, d'autres marchés. On arrive ainsi au bord de la rivière, sorte de torrent, qui sépare Tse-liou-tsin de Kong-tsin. Ce dernier, simple bourg, parce qu'il est dépourvu de murailles, est plus populeux que beaucoup de villes. Dans ses environs apparaissent les groupes de puits ouverts en ces dernières années.

Depuis qu'on est arrivé en vraie région des puits, à part quelques courges qui poussent autour des maisons, on ne rencontre plus de culture. Là où il n'y a pas de bâtisse, rien que de l'herbe. A travers cette succession de hangars, juchés à toutes hauteurs au milieu de cette forêt industrielle, on aperçoit peu de constructions capables de rompre la monotonie, à part cependant

quelques pagodes, ou bien le temple des Ancêtres de quelque riche famille avec son entourage de grands arbres, ou encore çà et là de rares maisons de belle apparence. L'aspect général du pays des puits de feu est typique.

DE LA PROVINCE DU SE-TCIIOAN.

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Il marque une grande activité dans une industrie primitive arrachant à la terre ses richesses souterraines, à tout hasard, à force de bras et de patience. Point de

propreté, point de goût, point de progrès. En fait de constructions, d'outils, de machines, de procédés, les fils de Tubal-Caïn, le premier batteur de fer, en devaient

savoir tout autant, peut-être davantage. La merveille est que les Chinois s'en tirent, grâce à leur inépuisable patience, qui compte arriver demain, si elle ne le peut aujourd'hui, l'an prochain, si elle ne le peut cette année. CHAPITRE IV.

LE FORAGE.

Constitution géologique de la région. L- Avant de décrire dans ses détails le forage des puits aux Grandes Salines, disons un mot des terrains rencontrés par la sonde. La grande chaîne qui traverse le Se-tchoan et dont j'ai parlé plus haut confine à ce pays, et ses dernières ramifications viennent s'y perdre. Les salines se trouvent donc dans une zone qui a été pour ainsi dire le théâtre de deux soulèvements. La stratification y est très irrégulière, et c'est là l'explication, soit des grandes variétés dans la profondeur de puits très rapprochés, soit de l'insuccès de certains sondages exécutés dans le voisinage de puits très productifs. Du reste, à la profondeur où descendent certains forages, bien au-dessous ,des terrains salifères ordinaires, ils rencontrent des terrains de transition et même des relèvements de terrains primitifs. Tous les terrains semblent ainsi représentés dans la région. En général, les sources les plus

saturées, au lieu de

se rencontrer comme ailleurs dans la partie supérieure des terrains de trias, se trouvent au-dessus des terrains carbonifères et même des terrains de transition ; par contre des sources bitumineuses s'offrent

parfois avant