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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU
Cette région salifère, située à 100 ly Nord-Ouest de la ville de Fou-chouen, s'étend dans une direction géné-
rale du Sud-Ouest au Nord-Est, en grande partie sur la rive gauche du petit cours d'eau qui vient des pays de Yun-hien et sert de limites aux territoires de ces deux sous-préfectures. Sa longueur est d'environ 50 lg, sur une largeur de 30 ly, soit une superficie approximative de 300 kilomètres carrés. Elle se divise en deux groupes très rapprochés 1° Groupe de Tse-liou-tsin, rive gauche, sur le territoire de Fou-chouen. Il doit son nom à un puits jaillissant très ancien, et contient les puits les plus profonds et les plus
puissants jets de gaz. 20 Groupe de Kong-tsin, qui tire son nom d'un forum ou grand bourg, situé sur la rive droite, dépendant de Yun-hien ; cependant la majorité des puits est encore sur la rive gauche et le territoire de Fou-chouen : tels sont les grands centres de Siao-ky, , Ou-kia-po , Laykia-tan. Longtemps le bourg, centre des nombreux commerces d'approvisionnement, resta isolé sur la rive droite, car le monopole réservé au territoire de Fou-chouen
empêchait l'ouverture de puits sur les pays de Yunhien : Kong-tsin donnait son nom et n'avait pas de
salines. Mais depuis quelques années l'interdit a été levé et de nombreux puits sont ouverts sur la rive droite, où plusieurs jets de feu ont déjà fait leur apparition. Lorsqu'on arrive aux Grandes Salines par la route de Louy-Kiang, une des plus belles de la province, sauf les colporteurs de sel que l'on rencontre tout le long du che-
min, rien, dans le paysage, pendant les neuf premières lieues, n'annonce l'approche d'un pays de salines. Le terrain, la végétation, l'agriculture ressemblent à ce que
l'on voit ailleurs dans cette partie du Se-tchoan : riz, maïs, pois, blé, fèves, et surtout les deux sorghos pour le sucre et l'eau-de-vie : le Kan-tehée, Andropogon
sac-
DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.
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eharatum ; le Kao-liang, A2zdropogon sorghum ou grand
millet. Peu à peu, à sept ou huit lieues de Louy-kiang, les sorghos disparaissent et sont remplacés par le temtse, haricot soya, espèce spéciale qui donne le fromage chinois, dit teou-fou. A neuf lieues de Louy-kiang on trouve un grand marché ou forum, Ta-chan-pou. Après avoir traversé sa
longue rue étroite, tortueuse et sale comme tous les marchés chinois, on est tout surpris, au sortir des dernières maisons de se trouver transporté dans un pays d'aspect tout différent. La nature du sol a changé c'est
un mélange de grès jaune friable, d'argile caillouteuse et
de calcaire. On n'aperçoit presque plus de culture, et l'on fait sept ou huit /y à travers un pays à la végétation rabougrie où le riz paraît croître à regret, où les arbres et les bambous sont rares. Enfin toute culture
même disparaît dans les environs des premiers puits que l'on rencontre. Tout à coup, au détour d'une colline, on entre dans un vallon riche en puits salés, avec sa forêt d'une végétation nouvelle : arbres immenses, troncs sans branches et sans feuilles, lianes mobiles et multipliées. Ce sont les chèvres avec leurs accessoires, courroies de tirage qui vont rejoindre les cabestans, cordes d'équilibre tendues de tous côtés. Le tout émerge du toit de maisons assez rustiques, et sort sous tous les angles de hangars bâtis dans tous les alignements. Au grincement des poulies ou des cabestans en mouvement, se mêle une musique humaine qui retentit sur un rythme marquant l'effort : c'est le chant des sondeurs sautant sur leur bascule, ou le chant des tireurs attelés en place de buffles à quelque cabestan ; on entend en outre un ronflement sourd, solennel et continu : c'est la voix de la terre, le chant du gaz d'un puits de feu. L'odorat n'est peut être pas charmé du mélange indéfi-