Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
504
LES SALINES ET LES PUITS DE FEU
DE LA PROVINCE DU SETCHOAN.
sel, refondu dans son eau de cristallisation, forme un gros gâteau de 4 à 5 pouces d'épaisseur sur 4 pieds de
à croûte bien luisante est estimé : à la fin du travail, le saunier jette sur le salignon un peu de graisse qui se répand sur toute la surface et la rend brillante. Le salinage du sel en grains dure de douze à vingtquatre heures, suivant l'intensité du feu et donne 100 livres de sel et plus par marmite. Celui du sel en pierre demande à peu près quarante-huit heures de feu et donne environ 500 livres de sel. Le prix de ce dernier est un peu plus élevé que celui du premier, car contenant moins d'eau de cristallisation, il sale davantage à
diamètre, et du poids de 500 livres environ. Le peu de sels étrangers que contenait l'eau est cristallisé avec le chlorure de sodium. Autrefois les Chinois, pour s'en débarrasser, après avoir retiré le salignon de la
marmite, le portaient sur une autre marmite froide, et l'arrosaient d'une dissolution de carbonate de potasse ou de chlorure de calcium, mais ils ont reconnu que ce procédé ne donnait presqu'aucun résultat, et maintenant ils y ont renoncé.
Si la purification de l'eau n'a pas été poussée assez loin et qu'il y reste trop de sels déliquescents, le salignon a un trou au milieu, sans compter beaucoup d'autres creux qui se forment rapidement dans les autres parties. Qu'and l'eau a été bien purifiée, et le chauffage de la fin bien régulier, le salignon est un pain compact très-dur, qui ne
se laisse briser qu'à grands coups de marteaux. Il perd peu à peu les sels déliquescents qu'il contient. Naturellement ce sel a une couleur d'un blanc plus ou
moins pur selon les eaux qui ont servi et le degré de purification. Lorsque le clairçage et l'écumage ont été parfaits, sauf une mince couche grisâtre à la partie inférieure, ce sel est très blanc ; généralement il a une légère teinte jaunâtre. Cependant on trouve du sel en pierre presque noir ! Pourquoi cela? Parce qu'en certains pays, dès les temps anciens, l'opinion publique est que le sel noir sale beaucoup plus que tout autre : en ces régions, aucun citoyen ne veut de sel blanc, il se pren-
drait lui-même pour un sot, s'il en achetait contrairement au jugement de ses ancêtres. Pour satisfaire cette opinion et faciliter la vente, les ouvriers sauniers vers la fin du salinage ajoutent du noir de fumée dans la marmite, et obtiennent ainsi un sel gris-noir, première qualité pour les pays en question. En d'autres pays, le sel
505
même poids.
Les cuvettes qui servent pour le sel en grains font un assez long usage ; il est rare qu'elles soient percées avant deux ans, et souvent elles durent une dizaine d'années. Celles qui servent pour le sel en pierre durent au plus huit à neuf mois, souvent même elles sont hors d'usage après quelques salinages. Les Chinois disent que les 50 premiers salinages donnent du beau sel après quoi l'ajustage doit être démonté et refait à neuf ; les salinages suivant donnent du sel inférieur, et les 50 derniers du sel encore moins beau. Je crois que cela tient à ce que les ouvriers, de crainte de voir la cuvette se percer, chauffent de moins en moins fort. Après ces
150 salinages, la marmite, _si elle a bien voulu durer
jusque-là, est impropre à ce genre d'évaporation, mais elle peut encore servir quelque temps pour le sel en grains. Les fonderies pour ces grandes marmites sont établies dans la sous-préfecture de Kiang-tsin, à cinq ou six jours
de marche des Grandes Salines. Des barques les y amènent et leur prix est alors de 38 à 40 taéls ; seulement, lorsqu'elles sont hors d'usage, la vieille fonte revient de droit au fondeur, qui l'emporte pour la mêler à la fonte neuve dans les nouvelles coulées. Une légère déduction est faite sur le prix de la marmite neuve, suivant le poids du fer de la cuvette hors de service. ImposTome MX, 1891.
33