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FABRICATION DE LA FONTE AUX ÉTATS-UNIS.
jetées à bas après peu d'années de roulement, pour être reconstruites sur des dimensions plus considérables et suivant un type plus moderne. Il ne faut donc pas s'effrayer de voir les Américains refaire si souvent la chemise ré-
fractaire de leurs hauts-fourneaux. C'est une réparation qui s'impose à eux dès que la production baisse, alors qu'avec nos habitudes européennes nous ne verrions pas la nécessité de mettre hors feu. D'ailleurs la pratique des réparations fréquentes, qui s'est imposée aux Américains, a eu une conséquence heureuse : elle a encouragé les corrections ; aussi les Américains échappent-ils à la routine plus aisément que d'autres. En second lieu, il faut comparer avec le prix d'entretien l'économie réalisée sur la consommation de coke. Si on -se rapporte aux chiffres indiqués plus haut, on voit qu'en 1885 un haut-fourneau produisait '170 tonnes par 24 heures, et consommait 1.300 kilogrammes par tonne de fonte. En 1890, on produisait 350 tonnes, à raison de 850 kilogrammes par tonne. L'économie qui en résulte est plus que suffisante pour permettre de changer
le revêtement tous les trois ans : d'autant qu'avec la nouvelle allure, si la chemise réfractaire e' st mise hors de service après un temps plus court, c'est après avoir fourni une égale quantité de fonte. Dans d'autres régions les changements d'allure auront des avantages moins considérables ; alors les frais de réparation prendront plus d'importance et cette considération la considération du prix de revient, en somme, fixera le point où il convient de limiter l'allure. Mais souvent l'avantage de l'allure rapide l'emporte : A TerreNoire, dans des hauts-fourneaux de 100 mètres cubes,
l'allure rapide, combinée avec l'emploi du vent plus chaud, a permis de pousser la production journalière de 37 à 51 tonnes, et de réduire la consommation de coke par tonne de fonte de '1.460 à 950 kilogrammes.
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Il ne s'agit d'ailleurs pas de chercher à obtenir partout les résultats réalisés en Amérique : les circonstances locales qui favorisent les Américains ne se retrouvent pas ailleurs. De plus, il serait difficile en Europe d'écouler de pareilles productions. Mais la question est de savoir s'il n'y a pas avantage à appliquer partout dans une limite raisonnable les principes qui guident les Américains. Sur le continent on hésite devant les grands creusets et les fortes pressions aux tuyères. Peut-être y a-t-il là une timidité exagérée ; peut-être pourrait-on améliorer
la marche des appareils en élargissant les creusets
et en élevant la pression, à condition de modifier le
profil dans le sens nécessité par ces deux changements. Il y a enfin dans la pratique américaine deux principes excellents, et dont rien ne vient limiter l'application: en premier lieu, le réglage de la marche du fourneau au nombre de tours de la machine soufflante. La condition essentielle d'une bonne marche est une régularité
absolue, c'est-à-dire un débit constant de vent aux tuyères. S'il se produit un accrochage, une obstruction quelconque, la pression s'élève aux tuyères : c'est à ce moment que nous diminuons le débit. Les Américains maintiennent le débit constant ; la pression s'élève jusqu'à ce que l'obstacle ait cédé, et le fourneau reprend sa marche régulière. Mais pour que ceci soit possible, il faut que chaque fourneau soit indépendant des autres, et qu'on puisse agir sur un appareil sans changer le régime des autres. il faut en somme que chaque fourneau ait sa machine soufflante, qu'il n'y ait pas de conduite commune. Voilà deux principes fondamentaux de la pratique amériricaine : indépendance des fourneaux au point de vue du vent, réglage au nombre de tours des machines. Ils ont conduit à d'excellents résultats ; et c'est un point sur lequel il peut être utile d'appeler l'attention des métallurgistes francais.