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EN SARDAIGNE.
HISTOIRE DE L'INDUSTRIE MINIÈRE
tous -les côtés du dehors, de Piémont, de Lombardie, de Ligurie, de Toscane, de l'étranger ; on savait qu'on pou-
vait gagner largement 5 francs par jour à la mine, et un courant d'immigration se produisait. Les chiffres sui-
vants montrent jusqu'en 1866 l'accroissement de l'extraction.
Minerai de plomb Plomb d'oeuvre
1846
1858
1860
1865-66
tonnes
tonnes 6.637
tonnes 15.228
tonnes
17 »
»
78
26.229 1.877
Comme on le voit, le principal minerai était encore le plomb argentifère ; cependant, on exploitait déjà en outre plusieurs milliers de tonnes de blende au Sarrabus et à la
Nurra, et, d'autre part, une mine de fer, celle de Saint Léon, organisée depuis 1862 par M. Gouin, pour la société française Petin-Gaudet, donnait, dès 1865-1866, 13.810 tonnes de minerai de fer. Mais, avant 1866, il n'était pas encore question en Sardaigne de la calamine, qui devait, si peu de temps après, devenir une de ses grandes richesses. C'est cette année-là, en effet, qu'eut lieu, dans des conditions tout à fait singulières, la découverte de la calamine à Malfidano. Voici ce qu'on raconte à ce sujet On avait fait en cet endroit, depuis 1852, diverses ten-
tatives infructueuses pour chercher de la galène; et la société concessionnaire, nommée la Fortune, était à bout de ressources quand, en 1866, elle envoya à Anvers et à Marseille deux bateaux chargés d'un minerakiparticulierement sale et terreux. De l'un des ports, ,on se contenta
de répondre que le minerai n'était bon qu'à jeter à la mer de l'autre on ajouta que, comme galène, il ne valait qu'il s'y trouvait une certaine proportion de rien calamine, dont il pourrait être intéressant de rechercher
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de plus grandes masses. La calamine était alors une chose
tellement inconnue en Sardaigne que, si l'on en croit la légende, M. Y..., qui avait été au courant de l'affaire,
vint à l'École des mines pour s'en faire montrer des échantillons. Sur ces entrefaites, la société la Fortune fit faillite ; M. Y... constitua une autre compagnie qui racheta la concession de galène, s'en fit donner une de calamine et commença des travaux. On s'aperçut alors que le puits où l'on venait de dépenser inutilement tant d'argent était creusé en plein massif de belle calamine massive, et l'on commença, sur l'emplacement de ce puits, devenu fameux, de la Fortune, une grande exploitation à ciel ouvert qui, dès la première année, produisit plus de 10.000 tonnes de minerai et commença le succès de la puissante société française de Malfidano (*). Comme on lé voit, si le renouvellement de l'industrie
du plomb en Sardaigne est dù à des italiens, c'est à des
français que revient l'honneur d'y avoir créé celles du fer et du zinc, de même qu'on retrouve l'initiative française si souvent niée dans ces mines du Laurium curieusement rapprochées à leur début de celles de
Sardaigne.
la suite de cette heureuse surprise de Mallidano, on eût bien vite fait d'apprendre partout, en Sardaigne, à reconnaître la calamine, et cela d'autant plus que, de tous côtés, dans l'Iglesiente, on en découvrait des amas, même sur des points aussi anciennement exploités que Monteponi.
Il y eut alors une fièvre de spéculation
extraordinaire, et l'on prétend qu'on ne rencontrait plus un Sarde : pasteur gardant son troupeau, chasseur courant le maquis, paysan béchant la terre, qui n'eût sous le bras un morceau de pierre plus ou moins corrodé et fer(*) Actuellement 111alfidano occupe 1.700 ouvriers et produit, par an, 50.000 tonnes de calamine. De 4866 à 1888, l'extraction totale dépassait déjà un million de tonnes.