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ÉTAT ACTUEL DE L'INDUSTRIE DU NAPHTE
DANS LA PRESQU'IDE D'APSCHERON.
dû favoriser les usines, et leur faire faire de très brillantes affaires. Or, au contraire, on a eu à enregistrer la fermeture de plus de soixante-dix usines depuis le 1" janvier 1891, et celles qui ont résisté jusqu'à ce jour ne font, paraît-il, aucun bénéfice. La principale cause de ce malaise doit surtout être cherchée dans la concurpétroles rence américaine. Presque tout le marché des puissante les mains d'une très de Pensylvanie est entre société, la « Standard Oil G° », qui a des représentants dans toutes les grandes villes d'Europe et a entamé avec les pétroles russes une lutte où ces derniers ne pouvaient avoir l'avantage. Les pétroles russes peuvent rester en Russie et s'y répandre victorieusement, protégés qu'ils sont par les droits que nous avons cités plus haut. Mais dès que la production de kérosine dépasse la consommation en Russie, il faut exporter, il faut donc faire des marchés de longue durée ; il faut s'organiser contre la concurrence, et se faire entre propriétaires des concessions mutuelles aboutissant à une entente commune, chose dont sont absolument incapables les petits industriels tatars, persans, arméniens, qui forment une légion à Bakou, et qui, loin de s'entendre, ne cherchent qu'à se détruire les uns les autres en provoquant sans cesse des
Enfin, la situation géographique de Bakou est tout à fait défavorable à l'exportation en Europe. Pour gagner la mer Noire, il n'y a pas en effet d'autre moyen de transport que le chemin de fer transcaucasien, ligne à une
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hausses et des baisses aussi artificielles que fantastiques. Il faut ajouter à cela que les conditions industrielles de Bakou ne sont pas pour favoriser le pétrole russe dans la lutte. Les procédés d'exploitation ne sont pas il y des plus perfectionnés ; le naphte est mal recueilli, a des pertes notables par coulage et par évaporation. Les procédés de distillation et de raffinage laissent aussi à désirer, si on les compare à ceux des Américains, trèsétudiés, et d'ailleurs mal connus. De plus, la richesse
des huiles russes en kérosine ne dépasse guère 30 à 40 p. 100, tandis que certains naphtes américains donnent jusqu'à 80 p. 100 d'huiles lampantes.
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seule voie longue de 850 kilomètres et possédant des parties extrêmement difficiles à franchir, à l'ouest de Tiflis, où l'on rencontre des rampes de 40 millimètres, et des passages souvent obstrués par les neiges. Les tarifs de transport sont, comme nous l'avons vu, tellement élevés
que les produits reviennent aussi cher à Batoum qu'à Moscou. Et s'ils étaient moins élevés, il serait matériellement impossible d'augmenter le trafic de la ligne de Bakou-Batoum au delà de ce qu'il est maintenant; l'exportation par là serait donc plus facile, mais ne serait guère plus abondante. L'administration des chemins de
fer de l'État russe le sait bien, et ne tient nullement à abaisser ces tarifs, qui sont d'ailleurs très rémunérateurs
et pourraient, paraît-il, être réduits de 20 p. 100 sans que les frais de tout ordre cessent d'être largement couverts. Si l'on joint à toutes ces difficultés celles auxquelles viennent se heurter les pétroles russes en abordant le marché européen (*), on comprendra que les kérosines qui arrivent à Batoum et qui ne restent pas en Russie, ne puissent entrer que dans les pays ottomans (Turquie d'Europe et d'Asie, et Égypte) et les Indes. Quant au mazout, son exportation est encore si difficile et son avenir si problématique, qu'il n'existe pas sur la f mer 'Noire un seul navire qui l'emploie comme (*) A toutes les causes qui viennent favoriser la concurrence américaine vient s'ajouter, en France, le mécanisme des droits de douane, qui sont établis sur la tonne de naphte brut sans avoir égard à sa qualité, dans une certaine mesure du moins. On comprend que les raffineurs français aient tout intérêt à préférer les naphtes de Pennsylvanie aux naphtes de Bakou, plus pauvres.