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CHEMINS DE FER D'INTÉRÊT LOCAL.
voyages produisent, à leur tour, des effets considérables que l'expérience met hors de doute et dont M. Colson n'a pas tenu compte.
37. Effets des voyages à courte distance. - Les populations éloignées des chemins de fer voyagent peu et n'ont guère de relations avec le dehors. Elles ne participent que dans une faible mesure et bien tardivement, aux progrès incessants de la science, du commerce et de l'industrie. Elles sont obligées de recourir, pour tous les échanges, à de petits intermédiaires, qui ne peuvent euxmêmes se mettre en rapport avec les centres de consom-
mation et de production qu'en s'adressant à d'autres intermédiaires mieux placés et plus intelligents qu'eux. Le plus clair du bénéfice reste souvent entre les mains de ceux qui concourent ainsi aux transactions commerciales.
Aussi l'habitant des campagnes réduit-il ses échanges
au minimum possible et est-il souvent amené à consommer des marchandises qui répondent imparfaitement à ses besoins et à faire des cultures mal appropriées au
sol ou au climat, au lieu de produire les marchandises qui conviennent à la région et de les échanger contre celles dont il a besoin et que d'autres pays fournissent dans de meilleures conditions. Le pêcheur vit de sa pêche,
le Breton boit son cidre, et, suivant que le sol fournit facilement le blé, le seigle, l'orge, le maïs ou le sarrasin,
le paysan vit surtout de blé, de seigle, d'orge, de maïs ou de sarrasin.
Si le pays recèle des richesses naturelles qu'on ne peut exploiter qu'en cherehant des débouchés au loin et en déployant quelque initiative, on les laisse sans emploi,
plus encore parce que l'on ne sait où et comment les vendre que parce qu'il en coûterait cher de les amener aux grandes voies de transport.
TARIFS. - FORMULE D'EXPLOITATION.
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Telle est la situation des pays perdus loin des chemins de fer. Mais qu'on y fasse pénétrer une voie de communication rapide et commode et bientôt la situation se modifie profondément.
Dans ses fréquents voyages à la ville, le paysan ou le commerçant apprend que les produits locaux se vendent bien dans tel ou tel centre de consommation éloigné ; il s'y rend et se crée des relations directes à grande distance. Il n'y aurait même pas songé,- s'il n'avait fait à la ville que de rares et courtes apparitions, pendant les quelques heures qui restent entre l'arrivée en charrette et le départ, après qu'on a mangé, bu et soigné son cheval. En même temps qu'il s'habitue à expédier ses produits aux centres où ils se vendent le mieux, l'habitant des campagnes apprend à demander les marchandises dont il a besoin aux marchés éloignés, où il peut se les procurer dans les meilleures conditions. Il trouve en ville les renseignements, les journaux, les réclames, les étalages
des magasins qui lui révèlent tout un monde ignoré
les outils et les instruments nouveaux de production, les marchandises étrangères dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Les hommes qui ont toujours vécu au milieu de cette publicité, ont quelque peine à se rendre compte des révélations qu'elle fait aux habitants des campagnes et de la puissance qu'elle a pour provoquer les échanges à grande distance et pour tendre ainsi vers. ce desideratum des économistes : produire chaque marchandise dans le pays où cela est avantageux. Assurément, le bon marché des transports est une des conditions de ce progrès, chacun le sait ; mais ce qui est moins universellement reconnu et ce que nous voulons -
mettre en lumière, c'est que, pour profiter de ce bon marché, il faut savoir ce que l'on peut, avec avantage, expédier ou demander au loin, que cette connaissance se répand surtout dans le voisinage des chemins de fer