Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
614
ÉTUDES SUR LE BASSIN HOUILLER DU NORD
M. Dollfus, il est vrai, sans contester les courbes de
M. Parent, a nié la réalité du synclinal de l'Aa , en attribuant la dépression observée à des glissements sur les pentes de la vallée. Il suffit de remarquer que près de Fauquembergue la dénivellation indiquée dépasse 100 mètres pour comprendre que cette explication par un glissement local est inadmissible. Le synclinal de PAa, tel qu'il est figuré, est peut-être le mieux marqué de toute la région; si l'on en fait abstraction pour s'attacher à ceux qui n'ont pas laissé de traces bien nettes sur nos courbes incomplètes, il faut évidemment renoncer à l'emploi de ces courbes comme élément de recherche et de discussion. Si les courbes de M. Parent sont exactes, ce que j'admets pleinement, le synclinal de l'Aa est incontestable et son importance théorique est considérable : car il isole
le Boulonnais du reste du réseau. Il m'a frappé dès le début plus que tout autre, parce qu'il mettait à néant mon ancienne hypothèse. Tant que je n'ai pas admis la, bifurcation des plis, j'ai vainement cherché à le rattacher au reste dui réseau. C'est maintenant à mes yeux une raison de plus pour admettre l'analogie avec les phénomènes alpins, et pour accepter les conséquences qui
en découlent. Du moment qu'il existe dans les chaînes tertiaires des noyaux ou glandules saillants, qu'entourent complètement les deux branches monientanément bifurquées d'un même synclinal, il devient probable que le même phénomène a dû se produire dans les anciennes chaînes, et, puisque les ondulations des terrains récents superposées à ces chaînes dénudées reproduisent le dessin
des plis anciens, on doit là. aussi en retrouver la trace. L'allure aberrante du pli de l'Aa s'explique alors facilement ; le synclinal sud-est, qui vient se bifurquer près de Fauquembergue, est, il est vrai, à peine marqué; il s'est accentué au contraire dans la partie où il formait ceinture
ET SUR LE BOULONNAIS.
615
au Boulonnais. Mais ces traces incomplètes et intermit-
tentes sont suffisantes pour le rattacher au reste du réseau et pour donner l'explication de son allure, explication qui devient évidente du moment qu'elle est possible, parce qu'on n'en voit même pas d'autre à proposer. D'ailleurs l'existence des massifs amygdaloïdes semble, quand on y réfléchit, une conséquence naturelle de l'accentuation progressive des efforts de plissement. Ces
efforts, autant qu'on peut les analyser, produisent une tendance des masses comprimées en profondeur à venir chercher au dehors la place qui leur manque à l'intérieur.
Ces masses s'élèvent d'abord là où la voie est tracée, c'est-à-dire sur l'emplacement des plis déjà ébauchés ; puis quand, par suite soit de l'obstruction qu'elles amènent en s'entassant, soit de la compression plus grande, ces sortes de débouchés deviennent insuffisants, elles s'élèvent partout où la voie est libre, c'est-à-dire partout où la surface n'a pas encore subi les influences de compression et de tassement. Ces points nouveaux sont évidemment les centres des anciens synclinaux, où les couches sont restées horizontales sur une assez grande largeur; les pressions forcent alors des plis nouveaux à se dresser au milieu de ces synclinaux et à les subdiviser en compliquant le premier réseau. Mais là où, au lieu d'un large synclinal, il y avait un synclinal localement élargi, les conditions de résistance étaient les mêmes ; les matières profondes s'y sont élevées de la même manière, et, d'après la forme de l'espace qui leur était offert, elles ont créé, au lieu d'un anticlinal allongé, une saillie limitée en forme de dôme ellipsoïdal. La création des massifs amygdaloïdes est donc un phénomène de même ordre et dû aux mêmes causes que la subdivision progressive des plis ; il est la conséquence de la disposition des lignes de
plis en parties étranglées et renflées, en noeuds et en ventres, disposition dont j'ai déjà signalé la généralité,