Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
624
ÉTUDES SUR LE BASSIN HOUILLER DU NORD
à reproduire ces nîêmes inégalités. Par conséquent, du moment que le fond n'est pas plat, on doit y retrouver la trace du réseau invariable des plissements. C'est la conséquence nécessaire de la théorie, et c'est ce qui arrive en effet.
Cette idée ne semble pourtant avoir été acceptée
qu'avec réserve, et plutôt comme une remarque curieuse que comme un sérieux instrument de recherches.
On a objecté qu'il y a des causes d'erreur, que les courants marins peuvent en certains points creuser le fond, ou aligner des dépôts à surface ondulée, que la dénudation a pu être incomplète là où_ les roches étaient plus dures, que dans les mers du Nord les dépôts glaciaires qui les ont encombrées ont dû créer des amas à surface irré-
gulière et que dans les mers d'origine relativement récente les plissements , même supposés continus , n'ont pas eu le temps de se faire une place reconnaissable au milieu de ces irrégularités dues- à d'autres causes. Tout cela est vrai en partie il est certain qu'il ne faut pas compter sur des indications sérieuses dans les deltas ou dans les estuaires ; il est certain aussi qu'au voisinage immédiat des côtes, la plupart des irrégularités sont dues aux différentes épaisseurs de sables amenées par les courants. Mais, d'une part, ces actions sont bien faibles par rapport aux profondeurs et aux dénivellations qu'on a. à discuter, et, d'autre part, une observation attentive montre que l'influence indirecte des inégalités principales aligne presque toujours ces actions perturbatrices dans la direction des creux et des saillies principales, c'est-à-dire dans celle des plis.
- Un exemple bien remarquable est celui de la mer du
Nord. Quand on songe qu'elle a été remplie à l'époque quaternaire par les glaciers scandinaves, que les bancs et les blocs que ces glaciers charriaient jusqu'en Angleterre ont, au moment de leur retraite, couvert le fond ,
ET SUR LE BOULONNAIS.
625
d'une nappe presque continue, on devrait s'attendre à ne trouver dans les couches de fond que des lignes capricieuses et sans loi. Or, nulle part, la prolongation des plis du continent n'est indiquée avec plus de netteté; toutes les sinuosités des courbes de niveau s'ordonnent d'elles-mêmes suivant deux systèmes de plis orthogonaux, dont les uns viennent, près de l'Angleterre comme près de la Hollande, s'aligner parallèlement à la ligne moyenne de la côte, et dont les autres prolongent les plis connus en Angleterre. On ne peut certes pas en conclure que le manteau glaciaire a été plissé, mais il a été insuffisant pour masquer l'ancien plissement. Les éruptions sous - marines et les îles volcaniques peuvent créer une difficulté d'interprétation plus sérieuse; mais il n'y a pas à s'en occuper ici. L'obstacle véritable n'est pas dans ces actions perturbatrices, mais dans le manque de précision et dans le trop grand - espacement des courbes de niveau. -C'est ainsi que pour la Manche j'ai proposé une première interprétation (*), que je crois maintenant nécessaire de modifier en plusieurs points. Ces tâtonnements, ces approximations successives sont à peu près inévitables, et je ne pense pas qu'on puisse y voir un argument contre la méthode elle-même. Il y a certainement, comme je l'ai dit-, une certaine indécision à cause de l'espacement des courbes, et il importe avant tout de ne pas se laisser aller involontairement à profiter de cette indécision pour mettre les résultats d'accord
avec une idée préconçue. Au début,, je n'avais pas
d'idée encore bien nette sur la précision possible dans ces sortes d'études ; constaté que l'allure des courbes menait avec évidence à continuer les plis français bien au sud des raccordements admis ; mais, malgré moi, j'ai eu (*) Bull. Soc. géol., 3' série, t. XX.