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86 NOTE SUR LA MINE AUX MINEURS DE RIVE-DE-GIER
V
La coopération de production est aujourd'hui à l'ordre du jour ; et c'est sous la forme de la Mine aux mineurs qu'elle passionne le plus l'opinion publique. L'exemple de Rive-de-Gier n'est assurément pas pour fortifier dans leur confiance ceux, qui ont confiance dans le succès de pareilles entreprises. On a vu, dans la première partie de cette étude, quelle était la valeur des concessions abandonnées au Syndicat
par la Société des Houillères de Rive-de-Gier. Sans doute, l'exploitation d'une partie de ces richesses exigeait des capitaux, mais il était facile de constittier ces capi-
taux par l'exploitation de la partie du gîte voisine de la surface. Pour tirer un parti avantageux des ressources restant aux affleurements, il suffisait de suivre l'exemple des nombreux exploitants qui, aujourd'hui encore, dans 'la partie orientale du bassin de Rive-de-Gier, se bornent à poursuivre des glanages dans les anciens travaux abandonnés; exploitations des plus simples, pour lesquelles il n'est besoin ni d'installations coûteuses, ni de connaissances techniques ; simples travaux d'entrepreneurs, en somme, qui nécessitent seulement une maind'ceuvre habile et exercée. Avec de l'activité, une application soutenue, une concorde parfaite et une stricte discipline, les mineurs du Gier ne pouvaient manquer de réussir, et les bénéfices de cette première exploitation leur eussent permis d'en entreprendre une plus difficile, mais aussi plus rémunératrice.
Le succès dépendait exclusivement d'une réunion de qualités qui toutes ont fait défaut ; livrés à eux-mêmes, dans des concessions devenues leur propriété, les mineurs ont fait preuve d'une ardeur au travail absolument insuffiSante ; de son côté, l'administration de la Société civile
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a commis des erreurs graves : aujourd'hui les parties les plus riches de ses possessions sont aliénées, et les sommes
provenant de cette cession n'ont servi dans le passé, et ne serviront guère dans l'avenir, qu'a combler des déficits. La concorde même n'a pu durer, au sein d'une entreprise qui prétendait donner le modèle de l'union et de la soli-
darité ; on a vu quelles luttes s'étaient déroulées entre
la Société civile et le Syndicat. Mais ce qui a surtout man-
qué aux mineur, c'est l'esprit de discipline, c'est aussi l'existence d'une direction capable et énergique. Sans direction, sans discipline, nulle industrie n'est possible, même la plus rudimentaire : c'est là un fait d'expérience, que met en lumière, après bien d'autres preuves, l'histoire de la Mine aux mineurs. La conséquence de toutes ces fautes ne petit tarder à
se produire : la ruine est prochaine et inévitable. Et le même sort attend toutes les associations de production dont les membres n'auront pas une éducation morale suffisante pour leur faire admettre le principe d'une direc-
tion et leur faire comprendre la nécessité d'une stricte discipline.
Les membres du Syndicat, dans les travaux qu'ils ont entrepris depuis la scission, ont fait preuve d'une énergie incomparablement supérieure à celle des membres de la Société civile ; et leur attitude commande la sympathie. Mais leur situation est difficile, et juridiquement leur cause ne peut se soutenir. Ils ont jusqu'à présent poursuivi la lutte avec ardeur ; il semble que le découragement commence à les gagner. Le fondateur du Syndicat de Rive-de-Gier, devenu son président lors de la reconstitution, après scission de la Société civile, et resté son chef incontesté jusqu'à ce jour, vient d'être mis en minorité pour la première fois, dans une question de salaires," et a donné sa démission. Depuis son départ, les pourparlers tnt repris entre le Syndicat et la