Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
672
DE TCHIATOUR
NOTE SUR LES GISEMENTS DE MANGANÈSE
L'aérage se fait par diffusion, ce qui suffit à peu près, vu la faible profondeur des galeries et l'absence de tirage à la poudre. Rarement les travaux communiquent avec leurs voisins et des effondrements venant enfermer les ouvriers dans la mine paraissent à craindre.
Il y a aussi de nombreux accidents par éboulement partiel du toit (TM tient souvent très mal et n'est soutenu que par un boisage insuffisant et suivant généralement le front de taille à grande distance. Le personnel ouvrier est fort instable et très peu expérimenté. Il est surtout recruté parmi les Iméréthiens (mêlés de Mingréliens et de Géorgiens) qui habitent les villages voisins et qui viennent chercher du travail aux mines lorsqu'il leur est impossible de faire autre chose.
Rarement ils restent là plus de huit mois de l'année extrêmement pauvres, il faut presque toujours les payer d'avance et souvent ils disparaissent sans fournir le travail convenu. Ils vivent sur la mine, s'abritant dans les galeries ou dans quelque trou de la montagne, se nourrissant de presque rien : un peu de maïs et .quelques gouttes de vin compoàent ordinairement leur frugal repas, auquel ils ajoutent un peu de- viande les jours _de fête.
Indolents et paresseux, ils cherchent à ne travailler que juste ce qu'il faut pour ne pas mourir de faim. L'exploiT
tation- du manganèse leur a été d'ailleurs d'un grand secours, car ce coin de l'Iméréthie, rocheux et stérile, est l'une des régions les plus Pauvres du Caucase, depuis
surtout que le phylloxéra y a complètement détruit les vignobles.
Le minerai marchand à 52 p. 100 Mn étant trié, son odyssée commence. Il s'agit d'abord de le transporter a Poti. Il est placé dans des paniers contenant environ 90 kilogrammes. Chaque cheval en porte deux, et de petites cara-
673
vanes de 2 à 3 chevaux, accompagnés par leur propriétaire, se forment pour conduire le minerai à Tchiatour, c'est-à-dire à une distance de 1 à 7 verstes. Un cheval fait en moyenne 6 à 7 voyages par jour et 2 à 3 seulement pour les mines les plus éloignées. Bref, il y a plus de 500 chevaux employés à ce transport dans la région.
Quelques exploitations, très peu nombreuses, peuvent
employer des arbas (petits chars à 2 roues attelés de 2 buffles qu'on rencontre partout en Transcaucasie). Ces véhicules portent 50 ponds (800 kilogrammes) et permettent une économie de 172 kopeck par poud sur les frais de transport.
Les chevaux, qui sont employés dans l'immense majorité des cas, sont loués à l'entreprise et payés d'après le tarif suivant Pour 1 à 2 verstes 2à3 3à5 5à7
1 1/2 kopeéks le poud
2 à 2 1/2 2 1/2 à 3
3 à4
Le minerai, qui revenait à 2 ou 3 kopecks le pond sur le Carreau de la mine, coûte déjà presque le double lorsqu'il arrive en bas, à Tchiateur, où il est réuni .en tas sur les quais de chargement. Ces tas sont quelquefois couverts d'un auvent, afin d'être abrités contre la pluie, car l'eau qu'on y ajouterait ainsi coûterait cher de transport et ne se vendrait pas à Londres. De Tchiatour le minerai était jadis emmené à Kviril, à 4.2-verstes de là par des chevaux, des chameaux ou des arbas, et ce transport coûtait environ 15 kopecks le poud. Depuis 1892, la voie ferrée de 38 kilomètres CharopanTchiatour a été construite, mais elle prélève le tarif léonin de 10 kopecks le poud de transport, plus 1 kopeck de droit de station. Le minerai est placé dans de petits Wagons de 200 ponds, et à Charopan il est transbordé