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Mais ce qui est frappant, c'est l'obstination avec laquelle,
jusqu'à présent, les patrons anglais ont voulu faire supporter à peu près exclusivement aux salaires cette baisse probable. C'est le point caractéristique, et, croyons-nous, le point faible de l'argumentation des patrons du Pays de Galles. Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent se comprend. On comprend même qu'aux raisons que nous venons d'exposer, les patrons pourraient en ajouter une, qu'ils n'ont pas voulu énoncer : le désir de donner à leurs
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DU PAYS DE GALLES EN 1898
LA GRÈVE DES OUVRIERS -MINEURS
houille possible et à ne faire dépendre l'abaissement du
« prix de revient que du fort tonnage extrait. On fait un grossier triage du gros et du menu, et on vend ces
cette obstination, font-ils- des efforts pour améliorer leurs
deux classes de produits bruts sans autre préparation. On installe très souvent des matériels démodés rencon« trés d'occasion, lorsqu'ils paraissent coûter moins cher de premier établissement. C'est ce qu'on appelle réa« liser des économies. On condamne les nouvelles machines et leur application ; on les rejette dédaigneusement comme de coûteuses fantaisies (*). » Ces appréciations pessimistes laissent la place à quelques honorables exceptions, et M. Galloway en sait quelque chose ; ce n'est pas seulement par des articles de journaux, mais tout à la fois par son enseignement et par ses actes, que le distingué professeur lutte contre les tendances blâmables de ses compatriotes. Mais ces tendances, contre lesquelles les esprits éclairés s'élèvent avec la dernière énergie, sont encore victorieuses chez la majorité des exploitants anglais. Ce sont elles qui paraissent avoir dominé les patrons du Pays de Galles, et il faut avouer qu'a nos yeux leur cause y perd beau-
prix de revient autrement qu'en abaissant les salaires ?
coup.
ouvriers une sévère leçon. Fatigués, mécontents de l'irrégu-
larité du travail dans leurs mines, de l'augmentation des frais généraux qui en résulte, des perpétuelles menaces de conflit qui se produisent depuis 1890, ils ont voulu prouver, en soutenant une lutte sans merci, qu'ils préféraient cette lutte à l'état de conflit latent et coûteux où ils se trouvaient, par suite du mauvais vouloir et du mécontentement de leurs ouvriers ; qu'en un mot, ils n'hésitaient pas
à tenir la maison fermée pour y rester les maîtres. Ils n'ont fait, en cela, qu'imiter l'exemple donné avant eux par bien d'autres Syndicats patronaux. Mais, à côté de Sentons-nous, comme compensation de l'effort exigé. des ouvriers, l'effort de la part des patrons ? C'est un Anglais
qui va nous répondre. « Les propriétaires du Pays de Galles », dit le professeur Cralloway (*), « se sont reposés
« uniquement sur la qualité réputée de- leurs charbons de navigation... Ils ont dédaigné les perfectionnements
récents de l'art des mines qui ont été, au contraire, suivis. et adoptés d'une manière large et intelligente en Allemagne, en France, en Amérique. » Et plus loin:
« En Angleterre... on s'attache à extraire le plus de. (*) Extrait du South Wales Daily News, et traduit pour le Bulletin
de l'Assoc. des Anciens Élèves de l'École des Mines par M. l'ingénieur
en chef Sauvage.
(*) Ce que nous citons concorde assez nettement avec les chiffres des statistiques. Alors que, dans tous les pays d'Europe, la production annuelle par ouvrier a augmenté, au cours des vingt ou trente dernières années, de plus de 20 p. 100 par dix ans pour la France, la Belgique et la Prusse, elle n'augmente que de 14 p. 100 en dix ans pour l'Angleterre (Rapport sur l'industrie houillère belge en (895, par Harzé). Il y a même plus. Un tableau, dressé par M. Vuillemin en 1867, donne pour la production annuelle par ouvrier, fond et jour, à cette époque, en Angleterre, 315 tonnes. Or la moyenne, de 1881 à 1890, d'après M. Harzé, est de 314 tonnes ; et la moyenne donnée par M. Le Neve Foster pour 1896 est 294 tonnes (273 pour le Pays de Galles). Ces chiffres ne sont probablement pal' dressés tous de la même manière ; de plus, ils sont affectés par certainès circonstances étrangères aux conditions techniques de l'exploitation (grèves). Ils semblent indiquer cependant un état stationnaire de l'industrie houillère anglaise. Tome XIV, 1898.
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