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LA GREVE DES OUVRIERS MINEURS
Ainsi, d'une part, une massé assez compacte d'ouvriers, mécontents de leurs salaires actuels, inquiets, avec beau-
coup plus de raison, de leurs salaires futurs, mais, en somme, d'un niveau professionnel peu élevé, et dénués de ressources ; d'autre part, un groupe de patrons, riches,
puissants, disposant de réserves solides, et disposés à faire tous les sacrifices pour imposer leur volonté, qui est
de ne s'engager à rien et de rester libres de baisser les salaires comme ils l'entendront afin de vendre toujours de plus en plus et de ne pas vendre à perte : tels sont les
deux partis en présence au début de cette longue lutte. III HISTORIQUE DE LA GRÈVE.
L'historique de la grève, à partir du 10 avril et jusqu'au septembre, peut être résumé en quelques mots : échecs
successifs de toutes les propositions que les délégués ouvriers, après maintes fausses manuvres, présentent aux patrons, ces derniers persistant dans une attitude irréductible, d'abord sur les bases proposées le 11 avril, puis sur des bases nouvelles, affichées le 16 juillet et consacrant à bien peu de chose près le retour à l'agrément de 1892. L'exposé journalier des faits ne présenterait qu'un intérêt assez médiocre et serait très aride (*) ; nous croyons préférable de les condenser d'une manière
succincte, en revenant ensuite en détail sur les faits les plus saillants. Nous avons vu comment les patrons étaient représentés. Leur mode de représentation n'a pas varié pendant toute (") On trouvera cet historique détaillé dans mainte publication, notamment dans les circulaires du Comité central des Houillères de France.
DU PAYS DE GALLES EN 1898
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la grève. Quant aux ouvriers, leurs organes véritables
ont été les délégués, au nombre de 150 environ, nommés par les ouvriers de chaque mine dans des assemblées individuelles. Les comités faits et défaits au cours de la grève ont tous tenu de ces délégués la part d'autorité qui leur était dévolue.
Dans leur réunion du
7 avril, les ouvriers avaient nommé un Comité provisoire de 16 membres, qui comprenait, outre les anciens membres du Comité mixte, 5 délégués nouveaux. Ce Comité devait s'aboucher avec les patrons. La réunion eut lieu le 12, mais fut sans
résultat ; elle se réduisit à un échange de vues sans portée, les délégués ouvriers ayant déclaré n'avoir pas de pleins pouvoirs.
Le 14, tandis que les patrons tenaient de leur côté une réunion dans laquelle ils décidaient de maintenir leur attitude, les délégués ouvriers avaient à Cardiff une conférence dans laquelle ils nommaient pour président M. John Williams, par 68 voix, contre 59 données à M. Abraham. Ils décidaient de se réunir de nouveau, le 18, après avoir consulté les ouvriers de chaque district, par un vote, sur la question des pleins pouvoirs. Cette nouvelle réunion des délégués ouvrierà marque peut-être le point le plus aigu de la lutte. N'ayant encore nullement souffert de la grève, excités par les réunions des jours précédents, voyant que les mines non associées ont accordé ce que leurs ouvriers leur demandaient, les grévistes font preuve d'une ardeur très vive. Par 74.648 voix contre 20.438, ils refusent de donner de pleins pouvoirs à leurs délégués. Par 62.714 contre 29.094, ils déclarent ne pas vouloir continuer le système de l'échelle mobile. Enfin 92 délégués sur 146 se prononcent pour demander une augmentation de 10 p. 100. On prenait en même temps des mesures en vue d'une grève de longue durée : on décidait d'envoyer de tous