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NOTE A LA COMMISSION DU GRISOU
portions, elle ne permet pas de comparer entre eux, au point de vue de la sécurité, des explosifs formés d'éléments différents, puisque la dahménite A dont la température de détonation est de 2.064°, s'est montrée très sûre, alors que des mélanges à température de détonation bien plus basse comme le mélange de 30 p. 100 de nitroglycérine gélati-
née et 70 p. 100 de nitrate d'ammoniaque (dont la température de 'détonation est d'environ 1.850°) enflamment les poussières seules avec une charge de 200 grammes. Sans donc méconnaltre l'importance de la température
de détonation, M. Heise estime qu'elle ne peut suffire à elle seule pour définir la sécurité d'un explosif; on ne peut pas davantage prendre pour l'apprécier les quantités de chaleur dégagées, puisque la dahménite A grenée, qui présente un haut degré de sécurité, développe une quan. tité de chaleur relativement considérable. On est donc amené, d'après M. Heise, à adopter comme critérium de la sécurité d'un explosif son pouvoir brisant, et il explique l'influence de celui-ci en remarquant que la détonation d'un explosif brisant peut comprimer adiabatiquement l'atmosphère environnante de façon à l'échauffer assez pour que le mélange grisouteux s'enflamme ; le danger sera
naturellement encore plus grand, si à la chaleur de compression s'ajoute celle des gaz de l'explosion, lorsqu'ils atteignent une température très élevée. De là résulte que, ainsi que le montre le tableau ci-joint, les explosifs les moins sûrs sont les plus brisants et que le danger croît avec la charge, la pression développée sur le milieu am-
biant augmentant avec la quantité de gaz produite par l'explosion.
M. Heise conclut en définitive de ses expériences qu'il
ne faut pas se préoccuper exclusivement d'abaisser la température de détonation, ce qui ne peut être obtenu qu'au détriMent de la force de l'explosif, et qu'il convient tout en restant dans des limites admissibles pour la tem-
RECHERCHES CONCERNANT LES EXPLOSIFS DE SURETÉ
291 perdure de détonation, d'abaisser autant que possible le
pouvoir brisant. La théorie de l'inflammation d'un mélange grisouteux par compression adiabatique n'appartient pas en propre à M. Heise : elle a été en effet nettement indiquée par l'un des membres de la Commission française, M. Le Chate-
lier, dans son ouvrage sur le Grisou, où il s'exprime en ces termes (p. 145)
« Le travail de la détente d'un explosif détonant à
l'air libre est dépensé au premier moment en produisant dans l'air ambiant une onde comprimée, qui se propage indéfiniment en s'amortissant progressivement par le fait de la production de chaleur résultant- des remous de l'air. « La chaleur est ainsi diffusée dans une masse indéfinie d'air, qui ne peut s'échauffer que d'une quantité insensible. Mais ce résultat final a été précédé, sur le paSsage de l'onde comprimée, d'un échauffement beaucoup plus considérable, qui dépasse certainement la température d'inflammation du grisou au voisinage de l'explosif, là où les pressions sont encore très considérables. Pour que l'inflammation ne se produise pas, il faut que la durée de compression en chaque point de l'air soit assez faible pour ne pas donner le. temps à la combustion du gaz de commencer. Il est évident que ce temps est d'autant plus grand que la masse de l'explosif qui se détend est plus considérable. Les chances, d'inflammation du grisou sont donc d'alitant plus fortes que le poids de l'explosif est plus grand. » C'est. l'idée même exprimée par M. Heise, mais, en y ajoutant la notion du retard à l'inflammation, dont
M. Heise paraît faire abstraction, et sans lequel on ne peut concevoir un explosif plus sûr qu'un autre. On peut faire .à la théorie du pouvoir brisant proposée par M. Heise de très sérieuses objections : MM. \Vat-