Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 107]

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L'ÉTAIN EN BOLIVIE

jusqu'à 60 centimètres de puissance, et leur minerai une teneur de 60 p. 100. M. Ballivian, dans son ouvrage, s'attache à donner une monographie de chacune des nombreuses mines d'étain ayant eu ou ayant encore quelque réputation dans le pays; nous ne trouverions là qu'un intérêt relatif; après nous être étendu assez longuement sur les généralités géologiques, nous nous contenterons de jeter un coup d'œil sur les centres miniers les plus importants, en nous bornant à signaler les particularités qui n'ont pas trouvé place dans ce qui précède. Les districts producteurs d'étain peuvent se diviser de la manière suivante: Oruro, au centre; la Paz et Chorolque, au nord et à l'ouest; Potosi, à l'est. 1° Oruro. — Ce district est actuellement celui dont la production est de beaucoup la plus forte. La plus importante des mines qui s'y trouvent est Huanuni ; mais il y en a beaucoup d'autres, telles Colquiri, Morococala, etc. La production pourrait être beaucoup augmentée, car l'exploitation est, en général, mal conduite, et faite par des procédés trop primitifs. La production de Huanuni est de 250 tonnes de minerai concentré à 65 p. 100 d'étain, par mois, soit 3.000 tonnes par an, environ les deux tiers de la production totale de Bolivie. Dans ce district, les conditions géologiques sont très variées, et chaque mine présente des caractères différents, tant à ce dernier point de vue qu'à celui de la quantité et de la qualité du minerai. Le terrain est très accidenté, et la montagne qui attire le plus l'attention en arrivant à Huanuni, à cause de sa forme et de sa hauteur, est le Poscovi, de. 3.200 mètres d'altitude; c'est là qu'on trouve les gisements d'étain les plus abondants et les plus riches. Les principaux filons, si toutefois on peut donner ce nom à ces

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dépôts, ont une direction sensiblement est-ouest et une inclinaison vers le sud. Les filons sont d'ailleurs extrêmement irréguliers et paraissent constituer un stockwerk ; leurs différentes ramifications coupent les stratifications du terrain sous des angles variables : dans une partie de la montagne, elles sont presque perpendiculaires, tandis que, du côté opposé, les deux directions forment un angle aigu. On remarque dans la stratification beaucoup de dislocations. Quatre des principaux filons sont à peu près parallèles et ont une inclinaison de 50° vers le sud. On les retrouve sur une montagne voisine formée de schistes; mais là ils sont mélangés de pyrites arsénicales ; enfin il y en a trois ou quatre qui se coupent; mais elles sont moins riches et paraissent être de formation postérieure. La minéralisation est très irrégulière, tandis que la plupart de ces filons contiennent des pyrites stannifères à une profondeur de 40 à 50 mètres, l'un des principaux, qui passe au sommet de la montagne, continue à être rempli d'oxyde d'étain pur sur plus de 200 mètres. La plus grande partie des filons de Xegro Pabillon, Morococala et de Huanuni présentent des veines ou veinules continues de minerai pur, d'épaisseur variable qui atteint quelquefois 0 m ,60; mais alors, au moment où l'on fondait les plus grandes espérances, on se heurtait à une difficulté inattendue, provenant de l'extrême dureté aussi bien du filon que de la roche encaissante. Cependant, souvent il y a des salbandes argileuses qui contiennent du minerai en nodules et en grains, qu'on peut alors exploiter avec un grand bénéfice, comme les pyrites stannifères, que l'on traite en les broyant et les grillant convenablement avant de les laver (*). (*) Le combustible fait défaut. Aussi, pour le grillage, on se sert d'excréments de lama, connus sous le nom de « taquia » ; dont le pouvoir calorifique est 1/5 de celui de la houille.