Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 196]

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ÉTUDE

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ÉTUDE GÉOLOGIQUE

SUR LE

NORD

DE

LA

CHINE

charrue du cultivateur, la taille en gradins des plateaux de lœss produisent les mêmes effets. « Mémo par le silence presque complet des vents, « l'air est souvent jaune et opaque durant plusieurs « jours. Tout autour,Ta vue est voilée, et le soleil ne « parait que comme un disque d'un blanc mat. Mais c'est <( surtout le caractère propre aux tempêtes de sable... « Te vent souffle alors de l'Asie centrale ; quand il se « calme, tout se recouvre d'une couche de poussière jaune. « Au Chensi, où l'air n'est que rarement pur et transpa« rent, le paysage tout entier est d'un ton jaune. Routes, « maisons, arbres, semences, et les vo}r ageurs mêmes « que l'on rencontre, et l'air, sont uniformément teints « de jaune. Te jaune est pour le Chinois la couleur (( sacrée, le symbole de la terre, et un attribut de la « puissance impériale sur tout ce qui est sur terre ; « car c'est la couleur du lœss et des pays de lœss dans « lesquels ce peuple s'est développé tout d'abord (*). » De la poussière de lœss détachée, une partie, retenue par la végétation, sert à l'exhaussement du sol, une autre est enlevée par la pluie prochaine et retourne à la steppe, ou va se déposer dans les lacs salés ; une troisième se dépose sur les déserts et les pierres, qui est de nouveau chassée par le vent. Mais rien ne sort de l'Asie centrale, et, comme la désagrégation ne s'arrête pas, l'accroissement du sol de lœss va se continuant. De là résulte le grand rôle géologique qu'il joue dans la Chine du Nord. Mais cet effet d'ensemble n'est pas absolument uniforme : il s'accompagne d'une véritable séparation mécanique, d'un triage par grosseurs et par densité absolument comme celui produit par les eaux courantes, mais ici sur un lit plus large et moins bien fixé. Ainsi le sable tombe (*) China, t. I, p. 97.

GÉOLOGIQUE SUR LE NORD DE LA CHINE

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<Tabord selon sa grosseur, tandis que les éléments argileux sont transportés au loin et viennent se fixer sur les sols déjà' fertiles et recouverts de plantes, et les petits grains de quartz, à leur tour, usent les roches ; ainsi se forment et s'accroissent les déserts ; ainsi s'explique aussi l'existence des bandes sableuses et incultes sur une partie des cuvettes de steppes. À côté de l'action du vent se placé celle de l'eau. Dans les bassins sans écoulement, l'eau produit un lessivage et un transport mécanique. Insuffisante pour saturer le sol, une petite part seulement s'écoule en ruisseaux, et l'action de ceux-ci est toute locale. . Mais la structure du lœss fait voir que des précipitations pluviales plus intenses ont eu lieu périodiquement ou ont caractérisé toute une époque. C'est ainsi seulement que peuvent s'être accumulées les masses de débris rocheux aux pieds des pentes des montagnes, parallèlement à leur •direction ; on les rencontre à des niveaux successifs et jusqu'à des kilomètres de distance. Chacune de ces périodes d'une mise en mouvement plus active a été suivie d'un accroissement régulier du lœss, marquant le retour d'un climat plus sec. Un autre effet des eaux est une concentration chimique des sels contenus dans le sol. Le carbonate de chaux, en premier lieu, vient incruster les racines de plantes, consolide le sol, et lui permet de se tenir en pans verticaux de 100 mètres et plus. Les sels plus solubles ne se concentrent qu'après ; puis, quand une rivière ouvre la cuvette, •ceux-ci d'abord disparaissent, se dissolvant à nouveau, et le carbonate de chaux reste. Les autres sels subsistent au-dessous du lit actuel d'écoulement (chlorures, carbonates et sulfates de soude et de potasse ; en particulier AU lac de Lou ts'ouen, dans le Chansi).