Annales des Mines (1905, série 10, volume 7) [Image 48]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

88

NOTE SUR LA. RECONNAISSANCE D'UN NIVEAU AQUIFÈRE

CHUTES

MENSUELLES

D'EAU A AIN

1903

moi

ANNÉE MOYENNE

millimètres

millimètres

millimètres

8,8 33 ,2 38,0 82,2

Septembre. Octobre . . . Novembre . Décembre .

8,2 15,1 15,8 14,3

60,3 39,7 24,6 62,6 6 ,2 4,6 4,4 2,5 0,4 87,9 25 10 ,3

TOTAUX

60,1

328,5

Janvier.. . . Février. . . . Mars Avril Mai Juin Juillet .... Août

SEFRA.

3,0 gouttes „

2,2

1,5 gouttes néant »

(1894)

'

néant gouttes » »

néant

3,0 11,5 19,5 196 ,2

Il ne pleut donc qu'en hiver ; ce dernier est assez rigoureux sur ces hauts plateaux. Des températures de - 8° C. sont fréquemment enregistrées à Ain Sefra, et la neigenon seulement n'y est pas inconnue, mais elle séjourne parfois plusieurs jours sur le sol. La reprise par l'atmosphère, sous forme d'évaporation superficielle n'a doncpas l'importance qu'on pourrait lui attribuer tout d'abord: quand on a vécu dans le pays en été, pendant les périodes d'extrême siccité de l'atmosphère. Les pluies de quelques millimètres qui tombent de mai à septembre sur un sol surchauffé sont immédiatement volatilisées et ne pénètrent pas dans le sous-sol; mais les chutes d'eau hivernales doivent au contraire s'engouffrer en très grande partie dans les grès à la surface desquels elles tombent. En Europe, on admet, pour les irrigations du Midi par exemple, un coefficient de un quart pour les colatures, les ' trois autres quarts étant absorbés parla végétation, le sol et l'évaporation estivale. La consommation et l'évaporation végétale par les plantes du bled, à cuticule rebelle,, est négligeable comparativement à la faculté d'absorption

DANS LE SDD-ORANAIS ET DANS LE SUD-MAROCAIN

89=

des grès et des dunes, de sorte que je ne crois pas être éloigné de la vérité en admettant que la moitié de la quantité totale d'eau tombée sur les grès crétacés est absorbée par ces derniers et reste disponible en profondeur , où il est possible de l'atteindre par des travaux appropriés. Le ruissellement superficiel joue aussi un rôle important dans cette absorption. Tous ceux qui ont voyagé en Algérie connaissent les conséquences de ladénudation générale de la contrée. Le profil déchiqueté des montagnes, la pente des oueds, desséchés en temps normal, transforment les thalwegs en torrents dangereux dès qu'une pluie abondante vient à tomber. Nous en avons des exemples fréquents au printemps de chaque année, par les accidents causés aux ouvrages d'art sur les chemins de fer, bien que la section d'écoulement de ces ouvrages,, calculée d'après les surfaces des bassins intéressés, soit établie sur des bases autrement larges que celles admises sur le continent. La catastrophe du 21 octobre 1904, qui a détruit une partie de la ville d'Ain Sefra et coûté la vie à de trop nombreuses victimes, a été causée par une pluie de 76 millimètres, tombée ce jour-là dans la vallée, quoique l'oued, normalement desséché, cause de ces dégâts, n'ait guère plus de 15 kilomètres en amont de cette ville. Toute cette masse d'eau s'est imbibée dans le sol après un certain parcours superficiel, les rivières de la région n'aboutissant à aucun chott ni à aucune sebka, où l'évaporation puisse venir en aide à la porosité du sol pour absorber ces courants temporaires. On voit, en résumé que, même en ne comptant que sur une hauteur d'eau de 10 centimètres par an absorbée par le sol des terrains gréseux crétacés, on arrive à des cubes énormes emmagasinés régulièrement dans le sol du fait des condensations naturelles atmosphériques. La largeur de la bande crétacée atteint en effet, dans la région dont je parle, 200 kilomètres mesurés suivant le méridien.