Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
460
L'EXPLOITATION
DU
PÉTROLE
EN
ROUMANIE
excessive, lors des projets d'intervention de la Standard Oil en Roumanie. L'événement a eu un assez grand retentissement, au delà même des frontières, pour que nous en disions quelques mots. Dans le courant de 1900, un des délégués de la Société américaine visita les diverses régions pétrolifères du pays et, à la suite de ses constatations, la Standard décida de faire entrer la Roumanie dans le champ de ses opérations. La première proposition faite au Gouvernement fut relative à la concession du pipe-line Campina-Constantza. Une Société allemande, la « Disconto-Gesellschaft » de Berlin, faisait en même temps des offres analogues ; mais elle demandait en outre la concession de 10.000 hectares de terrains pétrolifères sur les propriétés de l'État. Peu de temps après, la Disconto, peu familiarisée encore avec les entreprises de pétrole, résolut de s'entendre avec la Standard ; celle-ci apportait le concours de son expérience technique, celle-là l'appui de ses relations financières avec le Gouvernement roumain. Les négociations s'ouvrirent alors sur les bases suivantes : la Standard Oil demandait la concession de 15.000 hectares ; elle s'engageait à dépenser dans les huit premières années, à dater de la signature du contrat, 8 millions en sondages de 500 mètres de profondeur. Elle offrait une redevance de 10 p. 100 sur le produit brut et de 10 francs par hectare- (*). Le concessionnaire avait le droit pendant huit années d'explorer, sur les propriétés de l'État, tous les terrains situés hors de la zone considérée jusque-là comme pétrolifère. Le Gouvernement accordait, d'autre part, au concessionnaire le droit exclusif d'établir un pipe-line, reliant la zone concédée à la mer. Le service du pipe-line devait être public et contrôlé par l'État; les taxes, égales pour tous, seraient soumises à l'approbation du Gouver(*) La loi exigeait, nous le rappelons, une redevance de 10 àlb p. 100 sur le produit brut et une taxe fixe de 30 francs par hectare.
L'EXPLOITATION
DU
PÉTROLE
EN
ROUMANIE
461
nement ; le concessionnaire s'engageait à payer au Trésor une redevance de 0 fr. 95 par tonne transportée à la mer. La concession de la conduite était accordée pour trente ans. La Standard Oil offrait enfin à l'État une avance de 10 millions. Cette dernière proposition était particulièrement séduisante; on sortait à peine de la crise agricole de 1899 ; la gêne monétaire était très grande, et le 19 novembre 1900 devait avoir lieu le remboursement d'un emprunt. Les négociations étaient sur le point d'aboutir : à la dernière minute, le Gouvernement rompit les pourparlers. Il ne faisait qu'obéir à une pression très vive de l'opinion publique. La simple nouvelle de l'arrivée en Roumanie des représentants de la Standard Oil avait soulevé dans le pays une protestation générale. La concession simultanée de la conduite et des terrains de l'État semblait être le premier acte de l'accaparement complet, Politiques, financiers, exploitants, tous s'accordaient à dénoncer cette tentative de monopole ; l'administration de la conduite, en particulier, allait mettre toute la production aux mains d'une Société dont le passé n'était que trop édifiant. La cession des terrains de l'État, disait-on, peut être une question d'opportunité, celle de la conduite est au contraire une question vitale pouf l'industrie nationale. L'événement seul eût pu prouver si ces craintes étaient ou non fondées; étant donné la toute-puissance de la partie adverse, l'hésitation du Gouvernement roumain était, en somme, fort légitime. Les conditions n'étaient plus les mêmes en 1903; trois nouveaux délégués de la Société venaient d'arriver en Roumanie, avec des prétentions beaucoup plus modestes: il ne s'agissait plus du pipe-line, ni des terrains de l'État ; sur ces deux points, le chauvinisme roumain se montrait toujours également intraitable. La Standard proposait simplement d'acheter annuellement une certaine quantité