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début le développement de l'entreprise. Chacune de ces critiques est en somme fondée : des capitaux énormes ont été engloutis dans les affaires de pétrole, mais les intermédiaires et les banquiers en ont seuls profité. 11 est assez intéressant de citer quelques chiffres. Un Roumain cède pour 500.000 francs des terrains dont il a obtenu la concession de l'État ; l'intermédiaire revend les terres à un étranger pour 1.200.000 francs; celui-ci forme à son tour une Société où la concession figure pour un apport de plusieurs millions. Une autre entreprise se forme au capital de 3 millions; 2 sont employés en achat de terrains; si l'on tient compte de la part du banquier; on se demande ce qui peut figurer encore au chapitre des dépenses d'exploitation ou de construction, D'autres terrains payés en Roumanie 50 à 60.000 francs sont cotés à l'étranger au prix de 1 million de francs. Des capitalistes étrangers achètent pour 400.000 francs quelques terrains et une petite fabrique; on émet pour cela dans le pays d'origine 6.000.000 d'actions, et la Société disparaît avant même d'avoir donné un coup de pioche en Roumanie. Roumains et étrangers ont eu chacun leur part de responsabilité, Une véritable fièvre de vente s'est abattue, il y a quelques années, sur tout le pays. Le moindre petit propriétaire, qui, moyennant des dépenses insignifiantes, avait obtenu une concession de l'État, s'est cru immédiatement millionnaire. On ne songeait qu'à vendre au lieu de se mettre résolument au travail. Des brasseurs d'affaires, venus on ne sait d'où, se sont improvisés sur l'heure grands experts en matière de pétrole. Les concessions ont été ainsi promenées sur tous les marchés étrangers. Les financiers sérieux ont pu se demander si cette multitude de propositions ne prouvait pas simplement la nécessité de céder à d'autres des terrains improductifs ; ils se sont abstenus, laissant la place libre aux spéculateurs. Il en est résulté bientôt une hostilité très vive entre les
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éléments étranger et indigène. Au lieu d'une association féconde entre l'argent du dehors et la main-d'œuvre roumaine, on ne constatait encore dans ces dernières années que haine et défiance mutuelles. L'étranger qui arrivait en collaborateur a été traité en ennemi : la Roumanie, qui jouit depuis peu de temps de l'indépendance politique, s'est laissé souvent aller à son égard aux exagérations d'un nationalisme irréfléchi. Un grand nombre de bonnes volontés ont dû ainsi reculer, effrayées des éclats d'un patriotisme quelquefois trop bruyant, La Roumanie n'a pas tardé à reconnaître les inconvénients d'un chauvinisme aussi intransigeant, et le Ministre des Finances disait en 1903 au Parlement : « Au lieu de « spécialistes et de grands financiers, prêts à placer des « capitaux dans les exploitations sérieuses, nous avons « pu voir une multitude de chevaliers d'industrie envahir « le pays et s'emparer de terrains plus ou moins pétroli« fères; leur projet était non pas d'y créer une exploita« tion viable, mais de les revendre 100 ou 100.000 fois « plus cher. Nous nous opposerons au renouvellement « de pareilles manœuvres; nous ne laisserons pas des « spéculateurs abuser sans scrupule de la bonne foi de « l'étranger. Nous ne voulons pas que les capitaux étran« gers puissent se perdre chez nous ; nous leur prêterons, « au contraire, tout notre concours, mais nous interdi« rons à des aventuriers de les gaspiller inutilement pour 11 en faire ensuite porter la responsabilité par le pays « tout entier. Notre, devoir est de protéger les étrangers « qui viennent travailler honnêtement chez nous, mais de « chasser sans pitié tous les spéculateurs. » Intervention de la Standard Oil en Roumanie. — On ne saurait mieux dire ; mais on peut se demander si l'on est resté toujours fidèle à ces principes; peut-être le Gouvernement a-t-il lui aussi fait preuve d'une intransigeance