Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 230]

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C'est ainsi, par exemple, que j'ai eu plaisir et profit à m'entretenir de l'objet de mon enquête avec le Secrétaire général de la Fédération des mineurs du bassin de Newcastle : c'était un ancien ouvrier mineur, choisi par ses camarades en raison de ses qualités sérieuses et de son instruction, beaucoup plutôt qu'en raison de son talent à débiter contre les exploitants de mines des discours aussi violents qu'exagérés. Il m'a paru faire le plus grand honneur à l'organisation qu'il représentait, et être beaucoup plus à même de bien défendre les intérêts qui lui sont confiés qu'aucun des représentants des ouvriers mineurs auxquels j'ai eu affaire en France ; j'ai d'ailleurs pu constater qu'il était universellement rendu hommage à ses qualités, tant parmi les Inspecteurs des mines du district que parmi les exploitants, et que son opinion était prise en sérieuse considération par les uns et par les autres. Si je tiens à citer tout particulièrement ce secrétaire-là, qui appartenait au district houiller le plus important de l'Australasie, ce n'est pas que plusieurs de ses collègues d'autres centres miniers, avec lesquels j'ai également été en rapport, ne m'aient pas donné, à un degré plus ou moins fort, la même impression. Sans doute ce n'est pas là un fait absolument général et sansexceptions, et je ne voudrais pas aller jusqu'à dire que les Unions de mineurs de l'Australasie ne se trompent jamais dans le choix qu'elles font de leurs représentants. J'ai déjà mentionné la regrettable aventure dans laquelle l'Union des mineurs do Thames (N. Z.) a été entraînée par son président lorsqu'il a soulevé le différend dont j'ai rendu compte sous le nom de différend d'Hauraki; et j'ai fait connaître, qu'une fois rendue la sentence de la Cour d'arbitrage qui consacrait cet échec, le président de l'Union s'était laissé aller jusqu'à mettre publiquement en doute l'impartialité du président de la Cour et à demander qu'il fût relevé de ses fonctions: j'ai

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même dû noter que cette démarche inqualifiable avait été sanctionnée par la majorité des membres de l'Union ! Mais il me faut avouer, qu'après avoir vu chez nous des ouvriers mineurs refuser de se soumettre à la sentence d'un tribunal arbitral qu'ils avaient librement accepté, il ne m'est pas possible de trouver dans les faits que je viens de rappeler une contre-partie à la supériorité que j'ai été obligé de reconnaître aux dirigeants des organisations minières australiennes sur ceux des nôtres. Je dois même dire que la démarche inqualifiable qui a ainsi été faite parle président de l'Union des mineurs de Thames n'a au moins pas été accompagnée, comme elle l'aurait sans doute été chez nous, d'une campagne d'injures dans la presse locale du parti ouvrier à l'égard du président do la Cour, et que, dans les autres districts, elle a été plus ou moins nettement désapprouvée par les représentants des ouvriers. Un autre indice de la supériorité très marquée de l'état d'esprit qui règne dans les milieux de mineurs en Australasie peut être cherché dans la façon dont les délégués des ouvriers, chargés de visiter les mines au point de vue de la sécurité des travaux, exercent leur mandat. On sait que chez nous, où leur caractère semiofficiel et l'autorité que l'administration a sur eux de par la loi devraient engager les délégués mineurs à exercer leurs fonctions avec une certaine impartialité et à s'exprimer avec mesure, leurs rapports trahissent trop souvent de la façon la plus choquante une tendance au dénigrement systématique et un respect insuffisant de la vérité. En Australasie, où ils ont une indépendance absolue puisqu'ils ne relèvent en aucune façon que de leurs commettants, je n'ai nulle part ouï dire que l'exercice du droit de visiter les mines, qui leur est donné par la loi comme je l'ai indiqué ci-dessus (IIP partie, chap. i", §4),

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