Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
456
CONDITION
DES
OUVRIERS
DES MINES EN
AUSTRALASIE
CONDITION DES
soulève de sérieuses objections de la part des exploitants, ni que la façon dont ils l'exercent donne lieu à des abus comme ceux que je viens de rappeler. Tout au contraire les entretiens que j'ai eus avec certains de ces délégués, et .ce que j'ai pu voir des observations qu'ils font à la sviite de leurs visites, m'ont fait constater qu'ils remplissent leur mission d'une façon sérieuse, et sans faire montre d'un parti pris d'hostilité à l'égard des exploitants.
OUVRIERS DES
MINES EN AUSTRALASIE
457
sachant qu'ils courront nécessairement le risque de l'arbitrage s"ils ne parviennent pas à s'entendre, sont assez raisonnables'pour se faire des concessions mutuelles, mais sans rien abandonner au fond de leurs prétentions qui sont si loin les unes des autres. Intervention des Unions en matière de grèves. — Tout en constatant qu'aujourd'hui, grâce aux débuts des lois d'arbitrage obligatoire, les grèves sont à peu près, écartées des mines de l'Australasie, mais en rappelant qu'il y a de bonnes raisons de craindre qu'il n'en soit pas toujours ainsi, je dois signaler ici qu'il n'est guère de centre minier important des différentes Colonies que j'ai visitées où la grève n'ait sévi plus d'une fois dans le temps. Tel est en particulier le cas du grand bassin houiller de Newcastle (N. G. S.), où les grèves ont été fréquentes autrefois et où la dernière grève générale, qui date de 1896, n'a pas duré moins de trois mois. Tel est aussi le cas des célèbres mines de plomb argentifère de Broken-hill (N. G. S.), où l'exploitation d'un des plus beaux filons métallifères connus a concentré en plein désert, auprès d'un affleurement de quelque 5 ou 6 kilomètres de longueur, des milliers de mineurs qui se sont toujours montrés fort exigeants. J'ai mentionné ci-dessus les dispositions des statuts de leur Union relatives au cas de grève.
Tout cela n'empêche pas, d'ailleurs, qu'il y ait un profond désaccord entre patrons et ouvriers des mines sur les questions relatives à l'organisation et à la rémunération du travail; mais, au lieu de s'attarder à de vaines piqûres d'épingle, ou à des paroles violentes mais sans utilité, les ouvriers ont recours à une action réfléchie et permanente, grâce à laquelle ils obtiendront encore beaucoup, car ils se montrent tout aussi insatiables, et plus déraisonnables encore au fond, que ceux de nos mines. Aussi, le plus souvent, les discussions entre ouvriers mineurs et exploitants de l'Australie, qui ont sur celles de nos pays la supériorité d'être beaucoup plus calmes et courtoises, et de porter sur des questions réellement sérieuses au lieu de s'éterniser sur des détails parfois aussi futiles qu'irritants, n'aboutissent-elles pas mieux à l'entente entre les deux parties. Les grèves ont donc été, dans le temps, nombreuses et acharnées dans les différents districts miniers australiens; et, si elles disparaissent aujourd'hui, ou à peu près, en présence des lois d'arbitrage obligatoire, les procédures mêmes auxquelles donne lieu l'application de ces lois montrent toute l'àpreté des discussions entre patrons et ouvriers. Si, d'autre part, le recours à l'arbitrage est quelquefois évité par des arrangements amiables, c'est bien plutôt parce que les deux partis,
Je rappellerai en quelques mots l'histoire des difficultés ouvrières qui se sont produites dans ce dernier centre minier depuis 1884, époque où l'exploitation y a été entreprise. La première grève générale eut lieu, en 1889, sur la seule question de la reconnaissance de l'Union des mineurs par les exploitants, et elle se termina au bout de dix jours par la victoire complète de l'Union; celle-ci obtenait même que les exploitants se chargeraient de
É