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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE
recueillir pour elle les cotisations par voie de retenues sur les salaires. Au mois de septembre 1890, nouvelle grève qui n'était nullement provoquée par des questions locales, mais qui fut déclarée comme conséquence de la grande grève maritime dont j'ai déjà fait mention plusieurs fois. Après quatre semaines, le conflit se termina par un arrangement par lequel patrons et ouvriers s'engageaient à soumettre désormais à l'arbitrage tout conflit qui viendrait à s'élever au sujet des mines et du travail dans celles-ci, à l'exclusion de toutes questions politiques générales pour lesquelles les ouvriers promettaient de ne plus se mettre en grève ; le principe des postes de huit heures seulement, avec un total de quarante-six heures de travail par semaine, était formellement admis ; le travail à l'entreprise était interdit ; et la reconnaissance de l'Union, accordée en 1889, était confirmée! Dans ces conditions, l'Union restait toute-puissante, et je tiens de l'un de ceux qui se sont trouvés à cette époque contraints d'en faire partie pour pouvoir obtenir du travail, les quelques détails que voici. Si un ouvrier, quelque capable qu'il fût, désirait être embauché et qu'il allait solliciter de l'être dans quelque mine, comme boiseur par exemple, il se heurtait immédiatement à cette question : « Etes-vous membre de l'Union et venez-vous en son nom?» Dans le cas de la négative, il était bel et bien «conduit ; parfois cependant un exploitant ajoutait : « Je vous prendrai volontiers lorsque vous vous serez fait inscrire à l'Union.» L'ouvrier se rendait alors au siège de l'Union, s'y faisait admettre, s'engageait à en observer les statuts, et devait immédiatement verser un droit d'entrée de quelques shellings et commencer à payer une première cotisation hebdomadaire. Puis, lorsqu'il manifestait l'intention d'aller se faire embaucher comme boiseur à la mine où on s'était déclaré prêt à le prendre,
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le secrétaire de l'Union lui disait : « Pas du tout, il y a 10, 15, 20 boiseurs inscrits avant toi et tu dois attendre ton tour » ; et il allait immédiatement trouver le directeur -de la mine intéressée pour lui imposer l'embauchage du premier des candidats de l'Union, puisqu'il avait du travail pour un boiseur. C'est en raison de cette situation et en présence d'une forte baisse des cours du plomb que, le 27 juin 1892, les Compagnies déclarèrent dénoncer, à partir du 30 juillet, les deux conventions de 1889 et 1890, et reprendre en particulier leur liberté en ce qui touche au travail à l'entreprise. Dès le 3 juillet, les ouvriers de Brokenhill se mettaient en grève et les grévistes imposaient à tous leurs camarades, grâce à une surveillance étroite, et grâce à divers procédés d'intimidation, à <les patrouilles, etc., la cessation complète du travail. Le 17 août, sans avoir voulu engager de pourparlers avec l'Union, les Compagnies déclaraient par voie d'affiches qu'elles rouvriraient les mines le 25 en maintenant le principe des postes de 8 heures, en conservant les salaires à la journée antérieurement accordés et dont elles rappelaient le tarif, mais en se réservant de faire effectuer les dépilages à l'entreprise. Le 25 août, 200 ouvriers reprenaient le travail, non sans que quelques horions aient été échangés, et les jours suivants le nombre des travailleurs augmentait peu à peu. Néanmoins, comme un fort parti de grévistes refusait toute reprise du travail, les exploitants embauchèrent à leur place des ouvriers de Melbourne ; des bagarres ayant eu lieu à leur arrivée, avec violences caractérisées, les meneurs du mouvement furent arrêtés et condamnés à quelques années de prison. Ce fut la fin de la grève et la ruine, pour quelque temps du moins, de l'autorité morale de l'Union,' qui perdit un grand nombre de ses membres. Depuis lors elle a repris peu à peu une certaine importance et une certaine puis-