Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 236]

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CONDITION DES

OUVRIERS DES MINES

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capitaux à engager dans une exploitation ne sont pas nécessairement aussi élevés que chez nous. Or tel n'est pas du tout le cas, peut-être à cause de la tournure essentiellement pratique que les Unions ont toujours donnée à leurs réclamations, et à cause de leur entente des affaires. Au moment de mon séjour en Nouvelle-Zélande, quelques malheureux mineurs, qui avaient été au nombre d'une douzaine au début, mais qui étaient réduits à trois ou quatre en février 1902, gagnaient misérablement leur vie à glaner un peu de charbon à la mine de Mohikinui (près de Westport), dont ils avaient obtenu de reprendre l'exploitation après que la Compagnie exploitante y eut renoncé ; les gens les plus impartiaux s'attendaient d'un jour à l'autre à voir les derniers ouvriers, qui s'acharnaient depuis trois ans à vouloir réussir là où le capital avait échoué, abandonner un travail qui ne les faisait pas vivre. De même, dans le district d'Otago, les six ouvriers d'une drague à or, dont les propriétaires avaient fait faillite après le « boom » du dragage de l'or en 1900, restés créanciers de ceux-ci pour leurs salaires de plusieurs mois, avaient pris possession de la drague et cherchaient, sans grand succès paraît-il, à la faire fonctionner sur la concession abandonnée par leurs anciens patrons. Enfin, dans le district de Thames, le système de l'amodiation partielle des mines d'or à des groupes d'ouvriers, système -dont j'ai fait mention dans ce qui précède, se rapproche quelque peu de la « mine aux mineurs ». Ni d'un côté ni de l'autre, les ouvriers néo-zélandais qui en ont goûté ne semblent avoir à se féliciter beaucoup de cet affranchissement du patronat. Dans les autres Colonies, je n'ai eu à relever dans le même ordre d'idées que quelques tentatives, généralement bien misérables, de reprise de mines d'or en roche par des groupes d'ouvriers, louant à plus ou moins bon

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compte le matériel d'exploitation et travaillant soit associés uniquement entre eux, soit avec l'aide de manœuvres salariés. Il faut, d'ailleurs, ajouter que ces entreprises procèdent beaucoup moins de théories socialistes que du mirage exercé, sur tous ceux qui s'occupent de mines en Australie, par une mine d'or, même bien pauvre, dans laquelle on peut toujours espérer découvrir, la chance aidant, quelque « bonanza » qui vous enrichira en peu de jours. Le seul exemple important, et relativement assez florissant, que j'aie à noter d'une mine aux mineurs en Australie, se présente précisément dans celle des Colonies où le parti ouvrier est le moins puissant et le socialisme le moins développé, c'est-à-dire le Queensland. La plus considérable des mines de houille du bassin d 'IpsAvich, la mine d'Aberdare, est exploitée par une association ouvrière qui l'a amodiée à son propriétaire pour une durée de vingt-quatre ans courant actuellement depuis huit ans. La société est constituée par les porteurs de deux cents actions, dont le capital (1 £, soit 25 francs par action) a servi à couvrir les quelques frais à faire pour reprendre une exploitation poursuivie jusque-là par le propriétaire ; chacun d'entre les porteurs d'actions travaille à la mine, et inversement chacun des ouvriers doit, autant que possible, posséder une action, et ce n'est qu'en attendant que les actions nécessaires viennent à être disponibles que quelques non-actionnaires travaillent. Le taux des salaires et les quelques dépenses d'installations sont réelés pour éviter toute distribution de dividendes, les ouvriers ayant observé qu'il leur est plus avantageux de se distribuer à eux-mêmes l'argent disponible sous forme de salaires plutôt que sous forme de dividendes passibles d'un lourd impôt. Malgré cela, les conditions du