Annales des Mines (1906, série 10, volume 9) [Image 182]

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LA GENÈSE DES EAUX THERMALES

vertu des lois de Berthollet, et donne du bicarbonate sodique : SiO^Na 2 + 2C0 2 + H 2 0 = SiO 2 + 2C03NaH.

Telle est l'origine des eaux bicarbonatées alcalines et à la fois des dépôts si abondants de silice qui accompagnent ces eaux jusqu'à leur émergence. Mais, si l'acide carbonique attaque facilement le silicate de sodium en présence de l'eau dès que celle-ci s'étant liquéfiée peut dissoudre le silicate alcalin, je n'ai pas pu réussir à obtenir des eaux alcalines carbonatées dans les expériences où je tentais l'action continue à 150° de l'eau chargée d'acide carbonique sur les silicates doubles ou triples des roches primitives (feldspaths, micas, péridots, etc.). Ceci explique qu'au bicarbonate sodique des eaux bicarbonatées alcalines dont on vient de voir la genèse, ne s'ajoutent que de très faibles proportions de bicarbonate de potassium ou de lithium dus à l'action de l'acide carbonique sur les feldspaths potassiques ou lithiniques. L'origine principale de l'acide carbonique des eaux minérales, de celui qui imprègne toutes les roches et de celui aussi qui se rencontre dans l'atmosphère et qui a fourni la totalité du carbone fixé par les plantes et les animaux, doit être recherchée, comme on l'a déjà dit, dans les émanations directes du foyer central (*). Remarquons, en effet, que, depuis le commencement des âges géologiques, les dégagements d'acide carbonique ont été continus et énormes. Ils ont versé dans l'atmosphère les 3 dix-millièmes de ce gaz qu'on y trouve, soit le poids de 570000 kilogrammes par kilomètre cube d'air. (*) On en extrait toujours une certaine quantité des roches primitives soumises au rouge dans le vide. 11 y existe partie sous forme d'inclusions, partie à l'état de carbonates. Mais on a vu que l'acide carbonique vient surtout du foyer central du globe sous forme d'oxyde de carbone qui se transforme d'abord en COS, puis en CO 2 + H 2 S au contact de la vapeur d'eau.

ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME

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Encore à cette heure, de toutes les failles en rapport direct ou indirect avec les volcans éteints ou en activité, de tous les terrains, de tous les sols, des sources, des geysers, des volcans, de la surface du sol tout entier, s'exhale un flot continu d'acide carbonique. Ce gaz imprègne toutes les roches ; il est dissous dans l'eau des mers ; il s'accumule dans les profondeurs des océans. Il se fixe sur les terrains de sédiment en train de se déposer au fond des eaux. Il semble donc, en raison de son immensité même, que ce dégagement continu a pour origine principale les réactions qui se poursuivent dans la masse centrale incandescente du globe. On peut faire diverses hypothèses sur son origine. On peut admettre qu'il vient de l'oxyde de carbone uni au fer du noyau central. En se dégageant peu à peu, ce gaz passerait, en présence du soufre, à l'état d'oxysulfure que la vapeur d'eau décompose plus loin en acide carbonique et hydrogène sulfuré. On sait aussi que l'action des carbures sur les oxydes métalliques donne de l'oxyde de carbone qui se change indirectement en acide carbonique grâce aux réactions qu'on vient de rappeler. Ces carbures, ou l'oxyde de carbone qui en provient, réduisent les silicates métalliques et la silice elle-même au rouge blanc : PbSiOS + CO = Pb + SiO 2 + CO 2 ,

mais on ne sait laquelle de ces hypothèses se réalise, et la continuité de cet immense dégagement d'acide carbonique qui se prolonge depuis des milliers de siècles jette de l'obscurité sur les origines de ce gaz. On a vu qu'en agissant sur le silicate sodique dissous dans l'eau, cet acide carbonique donnait, en même temps qu'un dépôt de silice, le bicarbonate de sodium des eaux alcalines. S'il agit sur des silicates à la fois sodiques et calciques, tels que l'analcime, le labradorite, l'oligoclase. . . , cet acide pourra donner naissance à des eaux à la fois