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LA GENÈSE DES EAUX THERMALES
leur légèreté, ces gaz s'élèvent au-dessus de la colonne d'eau thermale et tendent à s'échapper par toutes les fissures et pores des roches ambiantes. Mais, si les moindres pertuis suffisent à les laisser écouler, il n'en est pas de même de l'eau déjcà liquéfiée; on sait, en effet, que les gaz et l'eau ne peuvent passer à la fois à travers les fentes et tubes capillaires même sous forte pression. Seuls les gaz filtreront donc facilement à travers les fissures les plus étroites et atteindront le sol. L'eau ne suivra que les failles de quelque importance, et n'arrivera à la surface qu'avec l'excès des composés gazeux dont elle s'était sursaturée et que la diminution de pression continue à en dégager à l'émergence. De cette exhalation des gaz d'origine profonde jusques au sol et à l'atmosphère, surtout dans les pays riches en sources thermales, nous avons donné plus haut la preuve pour l'acide carbonique. Quant à l'hydrogène, le plus abondant après lui, il est versé dans l'air par toutes les fissures de la croûte terrestre. En effet, d'une part, j 'ai démontré que ce gaz hydrogène existait toujours dans l'air recueilli à la surface des plaines, des montagnes ou de la mer ; de l'autre, on a établi que, dans la haute atmosphère, l'hydrogène fait complètement défaut au lieu de s'y accumuler comme cela devrait être en raison de sa densité. En particulier, la lumière de l'aurore boréale ne contient plus trace des raies caractéristiques de l'hydrogène. Cette remarque, paradoxale en apparence, a été expliquée par l'observation récente que la lumière directe du soleil suffit à combiner lentement l'hydrogène à l'oxygène de l'air pour reformer de l'eau. Perpétuellement appelé par sa densité dans les hautes régions de l'air, où, grâce à l'illumination solaire, il disparait, il faut bien, pour expliquer la présence constante de l'hydrogène dans les couches inférieures de l'atmosphère, que ce gaz soit continûment renouvelé, exhalé du sol terrestre. Il y arrive des à
ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME
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profondeurs, soit qu'il s'y forme directement, soit qu'il y naisse peut-être en vertu de transformations d'éléments que nous soupçonnons à peine. Quant à l'oxysulfure de carbone et au gaz sulfhydrique qui l'accompagnaient, ils ont été détruits en grande partie en vertu des réactions analysées dans ce mémoire, et particulièrement grâce à l'intervention de la vapeur d'eau qui les change en acide carbonique, acide sulfureux et soufre sans qu'intervienne aucunement l'oxygène emprunté à l'atmosphère. VI. — Conclusions. La génèse et l'émergence des eaux thermales est une forme atténuée des phénomènes éruptifs. L'éjection, par les volcans, de laves ou de boues, comme la venue des eaux chaudes, est provoquée par la destruction plus ou moins, subite de l'équilibre mécanique et chimique qui préside à l'état des roches primitives dans les régions profondes où elles atteignent le rouge. Grâce à la contraction continue de la croûte terrestre, à l'accroissement irrégulier de ses couches sous les continents et sous le bassin des mers, à l'ascension plus ou moins puissante des laves sous-jacentes que cette pression tend à injecter à travers les failles des terrains primitifs, cet équilibre se rompt brusquement par places à des époques essentiellement irrégulières. De l'injection brutale des matières fondues à travers lès fractures occasionnées par ces débâcles, résulte, suivant le mécanisme que j'ai analysé dans ce travail, la production rapide d'un énorme volume de vapeur d'eau et de gaz qui tendent à s'échapper au dehors, avec les laves, par toutes les fentes et conduits de moindre résistance. Ainsi se produit l'éruption volcanique. Si, au contraire, résistant aux ruptures, les roches profondes sont lentement réchauffées au contact des laves; si, au lieu d'être injectées brusquement dans les Tome IX, 1906.
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