Annales des Mines (1906, série 10, volume 10) [Image 46]

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L'OR A MADAGASCAR L'OR A MADAGASCAR

gisements, car il était à peu près impossible de pénétrer, et surtout de séjourner, dans les régions de l'Ouest et de l'Est, chez les Sakalaves et les Tanalas, et dans le Centre les rois hovas avaient strictement interdit la recherche et l'exploitation du métal précieux. Cette interdiction avait cependant été levée en 1883. Peu après son avènement au trône, la Reine Ranavalona, aujourd'hui en exil à Alger, supprima du code malgache la peine de mort que ses prédécesseurs y avaient inscrite contre quiconque se livrerait au travail de l'or. Le premier ministre, Rainilaiarivomy, fut l'inspirateur de cet acte ; il avait besoin de se créer des ressources pour la lutte contre les Français, qui devenait de jour en jour plus aiguë. Mais il n'autorisa pas la libre prospection. Afin que l'État et lui-même eussent le plein bénéfice qui en résulterait, il organisa les travaux en régie directe avec les agents du gouvernement, et les Européens continuèrent à être tenus à l'écart. Les déceptions ne se firent pas attendre, beaucoup d'or se perdait entre les chantiers d'extraction et les caisses de Tananarive; les indigènes, travaillant par corvée, soumis à un régime fort dur, mal nourris, encore plus mal payés, ne montraient aucune bonne volonté, produisaient très peu et même tâchaient de dissimuler les gisements dont ils pouvaient avoir connaissance. Aussi Rainilaiarivony se vit-il bientôt contraint d'essayer d'une autre méthode: accorder des concessions aux étrangers. 11 ne pouvait plus guère, d'ailleurs, résister a la pression qu'exerçaient sur lui à ce sujet depuis longtemps les Légations anglaise et française. La première concession fut instituée vers la findel886 en faveur d'un de nos compatriotes, M. Suberbie. Elle portait sur une région très étendue autour de Mevatanana, dans le Bouéni < Voir la carte, Pl. Y). Suivirent: en 1888, la concession Talbot, dans le pays d'Ankavandra et d'Analabe ; en 1891, la concession Rigaud,dans le Vakinanka-

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ratra. au Nord du Betsileo ; en 1893, la concession Harrison Smith, dans le pays Antsianatra; enfin, en 1894, la concession Shervington, dans la région d'Amboanana, au Sud d'Arivonimamo. En substance, les conditions étaient que le Gouvernement fournirait la main-d'œuvre, ou au moins en faciliterait le recrutement, assurerait la sécurité, et recevrait en échange, une proportion déterminée des bénéfices de l'entreprise. Dans les deux derniers contrats, le ministre s'engageait, en outre, à verser une partie des fonds de premier établissement nécessaires. Les résultats furent médiocres. Ni l'État ni les concessionnaires n'exécutèrent les clauses qui leur incombaient. Les exploitations prévues ne se créèrent pas. Seul M. Suberbie réussit à produire une quantité d'or appréciable, environ 900 kilogrammes, mais en six ans et avec un grand nombre d'ouvriers travaillant à la bâtée des alluvions superficielles. Bref, au moment de l'expédition française, la connaissance positive des gisements aurifères malgaches restait nulle, et les légendes conservaient toute leur vitalité (*). Aussitôt Tananarive prise, commença un mouvement d'exploration que le grand soulèvement de l'imerina ralentit à peine. Anciens résidents européens dans l'île et nouveaux venus de France et d'ailleurs se répandirent de tous côtés, recueillirent les informations indigènes et demandèrent des concessions. En même temps des ingénieurs, envoyés par des syndicats financiers, parcouraient le pays. L'opinion de ces ingénieurs fut vite connue; elle était unanimement défavorable : la valeur de Madagascar avait été fort exagérée; il ne s'y trouvait pas de gisements sérieux, en particulier pas de filons, seulement des allu-

(*) Les détails qui précèdent sont empruntés au rapport de M. le Capitaine du génie Mouneyres, chef du service des mines de Madagascar, Vn est inséré dans les Annexes au dernier rapport du Général Gallieni.