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L'OR
A MADAGASCAR
rapides, qu'il a, du reste, rarement surveillés lui-même et qui consistent en lavages faits par une douzaine d'hommes sous les ordres d'un commandeur ; la richesse des terrains se déduit de la comparaison du poids d'or recueilli avec le nombre des journées de travail. — Il importe, il est vrai, souvent de faire vite et de ne pas se laisser devancer. — Quand il est en possession, il ne cherche pas à se rendre compte de ce qu'il a, non pas seulement parce qu'il manque de connaissances spéciales, mais aussi, et peut-être surtout, parce qu'il manque de capitaux. Il ne pourrait pas attendre qu'une étude de ses terrains fût faite, moins encore en payer les frais. Il faut qu'il produise de l'or, et le système qu'il a adopté est excellent à ce point de vue. Bien des personnes ont recommandé, et même tenté, l'emploi de sluices, s'imaginant à coup sûr que le sluice est an appareil jouissant de la propriété merveilleuse d'extraire à peu près gratuitement et très vite la totalité de l'or se trouvant dans un endroit déterminé. Cela n'a conduit qu'il des pertes, parfois considérables, sauf une ou deux exceptions. C'est que les alluvions, prises en niasse, sont trop pauvres pour laisser des bénéfices si on les manipule à la main, tandis que les parties qui s'y trouvent d'une teneur suffisante sont trop disséminées et d'une étendue trop faibles pour que les réinstallations et les transports fréquents des appareils ne fassent pas bien vite disparaître tout profit. Sans compter que, pour pouvoir employer convenablement des sluices, il faut avoir fait une reconnaissance, une prospection un peu poussée, du dépôt aurifère. Cette prospection, le concessionnaire ne peut pas la faire faire parce qu'il manque d'argent, et il ne pourrait l'exécuter lui-même, en admettant qu'il en eût l'idée, à cause des conditions cliniatériques : Madagascar n'est pas un pays où l'Européen puisse impunément remuer et laver des terres.
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Le procédé actuel d'exploitation indigène à la bâtée présente donc des avantages considérables pour les prospecteurs : il les dispense de toute reconnaissance préalable, réduit au minimum leurs chances de perte et enfin ne nécessite que des capitaux très faibles. L'or est rassemblé une fois ou deux par semaine, plus même, s'il le faut; il est très pur et réalise immédiatement sa pleine valeur à la banque : le fonds de roulement se trouve par conséquent réduit à bien peu de chose; et quant aux avances à faire, elles sont peu importantes : les taxes minières, les approvisionnements, les constructions à payer, et surtout les petites sommes à donner, lors du recrutement, à ceux qui se présentent. On n'aurait personne si on ne donnait pas de quoi commencer à acquitter l'impôt. Par malheur une partie de ces sommes est perdue, parce que tous ceux qui se sont engagés ne descendent pas sur la concession, et il n'y a aucun recours à exercer contre des gens qui ne possèdent à peu près rien. Toutes ces circonstances expliquent comment la production d'or a pu passer en neuf ans de zéro à une valeur de plus de 8 millions de francs, en dépit de l'abstention totale des capitaux métropolitains, et pourquoi, malgré cela, les ressources aurifères de l'île sont encore à peu près complètement inconnues. Jusqu'à présent on a travaillé à Madagascar d'une façon extensive, non intensive; les gisements ont été écrémés et non pas vraiment exploités. Mais cela ne peut pas durer beaucoup plus - longtemps: ce qui est susceptible d'écrémage s'épuise, et de plus en plus vite. Sans doute des découvertes continuent à se produire, et l'île n'est pas explorée à fond dans toutes ses parties. Mais il serait peu prudent et peu sage de s'en rapporter au hasard pour l'avenir, et il ne faut pas oublier que les prospecteurs ont maintenant circulé à travers tout le pays. L'avenir est vraiment dans l'exploitation intensive de