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table se prolonge sous les berges suivant un plan horizontal et s'arrête en avant des premières pentes des collines; dans d'autres, elle remonte sur les versants. Dans le premier cas, il faut enlever toutes les terres avec l'angady et laver à la bâtée la totalité de la couche ; dans le second, on peut utiliser la pente et employer l'eau, d'abord à enlever le recouvrement, ensuite à concentrer l'alluvion. C'est le procédé de travail connu sous le nom de sluices sur terre (ground shncing). Les indigènes savent fort bien l'employer partout où le permet la disposition du terrain. Dans la région du Centre, notamment, on en peut voir des installations parfaites. La précision et l'habileté avec lesquelles sont établis les canaux d'amenée d'eau, longs parfois de plusieurs kilomètres, sont remarquables. Les Malgaches, comme tous les peuples cultivateurs de riz, excellent dans l'art d'aménager et d'utiliser les eaux. Ces exploitations, àl'angady, ou par sluices sur terre, se font toutes sans plan d'ensemble, sans reconnaissance préalable, sans entente entre les divers chantiers. Les indigènes sont incapables de concevoir pourquoi il faudrait procéder méthodiquement, et le prospecteur ne se préoccupe pas de faire leur éducation à ce point de vue. Aussi les gisements sont-ils passablement gaspillés. Ici, les stériles, rejetés sur les côtés ou en arrière, viennent recouvrir des terrains aussi bons que ceux d'où ils sortent et les rendent inutilisables; là, des éboulements se produisent, et les ouvriers abandonnent la place, tout simplement; ailleurs, ils se découragent à cause de la trop forte épaisseur du recouvrement; bref, il s'en faut bien que tout ce qui pourrait être exploité, même par eux, le soit effectivement. Les fortes pluies et les crues remettent, il est vrai, un peu d'ordre dans le chaos : les terres sont emportées au loin, les excavations comblées, les monticules de débris enlevés, les sables remaniés complètement, de
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telle sorte qu'à la nouvelle saison on peut recommencer à produire de l'or en des points où il n'y avait pas à songer auparavant à s'installer. Mais, à mesure que le lit de la rivière s'élargit par la destruction des berges et s'encombre de débris, les crues deviennent de moins en moins efficaces pour cette réfection annuelle. Il reste donc, finalement, de la couche aurifère primitive, des parties assez riches qui n'ont pu être enlevées. Il en reste d'autres encore, moins riches, auxquelles les indigènes n'ont pas touché parce que la teneur n'en est pas assez forte pour leur assurer un gain journalier convenable. Tout cela, sans doute, pourra un jour fournir la base d'exploitations industrielles, mais c'est' en attendant perdu pour le propriétaire de la concession. Comment se fait-il que ce propriétaire ne s'efforce pas de tirer un meilleur parti de ses terrains? Pourquoi n'en dirige-t-il pas effectivement l'exploitation, et n'impose-t-il pas à ses indigènes l'observation d'un plan méthodique supprimant tout gaspillage? A cela il y a plusieurs motifs. D'abord le prospecteur n'est le plus souvent prospecteur que de nom. Rarement il possède quelque connaissance minière. Dans son camp, il s'occupe de la comptabilité, de la pesée de l'or, des approvisionnements, du recrutement ; il fait des tournées aux environs et des voyages dans d'autres districts, pour recueillir des renseignements et prendre de nouveaux permis: il visite et reçoit ses voisins ; mais, s'il se promène parfois à travers les chantiers, ce n'est pas pour étudier la nature et la valeur de son gisement, ni la façon dont il devrait être exploité, c'est seulement pour exercer une vague surveillance et surtout pour se distraire et passer le temps. Le gisement, il ne le connaît pas du tout quand il en demande la concession ; il s'esi basé sur des informations indigènes pour planter son poteau-signal, quelquefois sans rien vérifier, d'autres fois après un contrôle sommaire au moyen d'essais