Annales des Mines (1906, série 10, volume 10) [Image 304]

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NOTE SUR LES CONDITIONS ÉCONOMIQUES

DE L'EXPLOITATION DU SOUFRE

nant garantie contre les pertes (*), et un fonds de garantie de 7.355.617 lire. La Société, toutefois, n'a pas cru devoir continuer ses opérations et elle s'est liquidée au 31 juillet 1906, date de la fin de son renouvellement quinquennal avec les syndiqués. La situation paraissait, en effet, être devenue pas-, sablenient critique. La production n'avait cessé de croître : de 353.000 tonnes en 1895, elle avait passé à 496.000 en 1904 et à 536.000 en 1905. Il y avait, enfin de 1905, un stock de 430 à 450.000 tonnes, dont 400.000 tonnes appartenaient à la Société anglaise. Ce stock correspondait sensiblement à la production d'une année (**) . Enfin les soufres de Sicile venaient de rencontrer dans la Louisiane une nouvelle et redoutable concurrence, en même temps que le débouché, relativement si important, dessoufres italiens vers l'Amérique du Nord se restreignait considérablement. En effet, alors que la production américaine, qui n'était jadis que de 1.500 tonnes, s'était déjà élevée à 6.976 tonnes en 1901 et à 7.562 en 1902, elle avait atteint 35.000 en 1903 et 194.319 en 1904; de 91 p. 100 de la production mondiale, la production de la Sicile tombait à 67 p. 100. D'autre part, l'exportation d& Sicile en Amérique, qui avait toujours été en augmentant (142.553 tonnes en 1898 ; 165.813 en 1900 ; 176.845 en 1902), tombait en 1904 à 107.994 et à 70.000 en 1905. Telle était pour la Sicile la double et dure conséquence de l'exploitation du gîte de la Louisiane par le procédé Frasch.

En présence de cette situation, le Gouvernement italien, convaincu, à la suite des demandes qui lui avaient été présentées par les représentants des intéressés, qu'il avait avec lui le plus grand nombre d'entre eux, n'hésita pas à intervenir par des mesures radicales, hardies et vigoureuses, qui ont faitl'objet d'une loi du 15 juillet 1906. Ce sont, d'une part, ces conditions nouvelles de l'exploitation de la Louisiane et, d'autre part, cette loi que nous voudrions sommairement examiner.

(*) En somme, la Société, en admettant la possibilité pour elle de= réaliser son stock à cette valeur, — et cela n'était rien moins que certain, on va le voir, par les conditions où il lui faudra réaliser son stock définitif — avait, avec ce stock et ses réserves, la représentation du capital versé. (**) Pour énorme que soit un pareil stock, on ne doit pas perdre de vue que de tout temps il y a eu en Sicile des stocks considérables. De 1881 à 1896, le stock en fin d'année a varié de 60 p. 100 à 110 p. 100 de la production do l'année.

IL Le gîte de soufre (*) actuellement exploité par Y1 Union Sulphur C est situé dans la grande plaine côtière de la Louisiane, paroisse de Calcassieu, à 18 kilomètres à l'Ouest de Lake Charles, le centre le plus important de la région, et à 369 kilomètres à l'Ouest de la NouvelleOrléans, par où se sont faites d'abord les expéditions (**). La mine n'est qu'à 25 kilomètres du fleuve Sabine, qui sépare le Texas de la Louisiane et est accessible aux grands navires ; un canal va être établi pour rejoindre le fleuve, améliorant encore les conditions de transport et d'expédition. Le soufre se rencontre à la base du -miocène dans des assises argileuses et sableuses, qui donnent aussi du gypse, des gaz naturels et du pétrole. C'est en recherchant le pétrole que, dès 1868, on avait rencontré, à la profondeur de 133 mètres, une couche de soufre cristallisé pur, de 32 mètres de puis(*) Tous les renseignements que nous donnons sur le gîte de soufre de la Louisiane et sur son exploitation sont tirés du rapport de M. l'Ingénieur en chef L. Baldacci (Il giacimento solfifero délia Louisiana, Rome, 1906), qui a été envoyé sur place par le Gouvernement italien pour étudier la question. (**) Le transport de la mine à la Nouvelle-Orléans ne coûte que 5 fr. 50 la tonne.