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NOTE SUR LES CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE L'EXPLOITATION DU SOUFRE
reçues sur garantie du soufre déposé, en payant des intérêts qui souvent dépassent 10 p. 100. L'exploitant remet au magasinier une traite garantie que ce dernier escompte immédiatement à la Banque de Sicile ou à la Banque d'Italie, en sorte qu'il n'a qu'à donner sa signature. Le magasinier n'est d'ailleurs qu'un intermédiaire. La vente pour exportation, qui est la seule existante, s'effectue par quelques puissantes maisons à ce plus spécialement occupées. L'échéance pour le remboursement des avances aux magasiniers correspond généralement à l'époque où les soufres affluent dans les ports et où. les prix sont les moindres; la liquidation est ordinairement faite à ce prix et le magasinier verse le solde de l'opération. Le producteur est d'ailleurs exploité par le magasinier, qui, au soufre qu'on lui remet, mêle du sable ou d'autres matières étrangères pour en diminuer la qualité, bénéficiant ainsi, au regard de l'exploitant, de Vawnento di magazzino, suivant le terme consacré ; le magasinier a enfin le monopole du transport du magasin au bateau, et il le fait payer un prix excessif. Bref, on estime que les avances et le dépôt coûtent à l'exploitant 30 p. 100 de la valeur du soufre. On ne conteste pas que ce soit un véritable régime d'usure, et on conçoit sans peine, sous un tel régime, à quelles incertitudes et à quelles misères peuvent être réduits les entrepreneurs et par suite leurs ouvriers dans les périodes de prix démesurément réduits; èt il n'y a pas moins de 40.000 ouvriers occupés dans ces exploitations. Pour essayer de remédier à cette situation, que les bas prix de 1895 avaient rendue lamentable, le Gouvernement avait bien supprimé le droit de sortie de ii lire far tonne et accordé une prime par tonne exportée. Ces mesures eussent été insuffisantes sans la constitution, en 1896, au plus fort de la crise, de la Société anglaise The AngloSicilian Sulphur C°, au capital de 1.035.000 £, dont
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35.000 en actions ordinaires et le reste, dont 750.000 £ furent versées, en actions privilégiées. UAnglo-Sicilian Sulphur C passa avec le Gouvernement une convention, en date du 27 juillet 1896, approuvée par la loi du 21 juillet 1897, en vertu de laquelle toutes les taxes, directes et indirectes, de l'État ou des communes, sur la production et le commerce du soufre en Sicile, étaient converties par abonnement en une taxe spéciale de 1 lira par tonne exportée, sauf maintien de Yimposta et de la sovraimposla sur les soufrières et de la taxe d'enregistrement sur leurs transferts comme sur la cession temporaire du droit d'exploiter. L Anglo-Sicilian Sulphur C devait acheter tout le soufre produit en Sicile à des prix fixés, qui ont été de 76 à 82 lira suivant qualité, payables dans le mois de la consignation. L'opposition violente faite par ceux contre qui avait été inspirée cette combinaison ne permit à la Société de réunir que l'adbésion de 60 p. 100 de la production totale. Elle suffit pour assurer le succès, qui fut immédiat. Le prix de vente, qui était déjà de 69', 62 en 1896, monta à 90', 39 en 1897 et s'est tenu depuis entre 95 et 96 lire. Tout le monde a trouvé son compte dans cette combinaison. Les non-syndiqués ont eu une assurance contre une baisse au-dessous des prix de la Société. Les syndiqués ont été débarrassés des agissements des magasiniers en bénéficiant d'un prix de vente stable et raisonnable. Les syndiqués se sont plaints toutefois de ne bénéficier que d'un prix de 80 lire, alors que les non-syndiqués ont pu profiter du taux normal de 95 lire. La Société, de son côté, a fait une très bonne affaire. Réalisant environ 15 lire de bénéfice par tonne, elle a pu donner à ses actions ordinaires un dividende de 50 p. 100. Elle avait à son actif au 31 juillet 1905 : un stock valant 24.109.472 lire au prix d'acquisition et 20.632.700 lire à un prix d'estimation don-