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LE PÉTROLE DE ROUMANIE
La Roumanie jouit cependant d'une situation géographique privilégiée, grâce à ses deux voies remarquables de pénétration, la mer Noire et le Danube. Elle bénéficie, par rapport à Batoum, d'une diminution de parcours de 700 kilomètres vers les marchés de l'Europe occidentale. L'exportation joue, dans le développement de l'industrie roumaine, un rôle tout particulier. Le pays exporte 37p. 100 de sa production et 52 p. 100 de l'ensemble de ses ventes. Les Etats-Unis n'exportent, au contraire, que 18 p. 100 de leur production, la Russie 16 p. 100. La comparaison est plus nette encore, si l'on tient compte de la nature des produits consommés et exportés. Le prix moyen de la tonne exportée ressort à 53 francs, celui de la tonne vendue dans le pays à 48 francs; cette différence provient de la proportion considérable des résidus dans les ventés intérieures ; l'écart serait inverse pour les États-Unis et la Russie. La part prépondérante du commerce extérieur dans le bilan de l'industrie pétrolifère roumaine constitue pour elle un élément incontestable d'infériorité. Dans le commerce du pétrole, plus que dans tout autre genre de transaction, il importe de pouvoir se reposer sur la fixité du marché national, afin d'être mieux armé devant les variations des cours extérieurs ; la consommation roumaine est encore trop restreinte pour créer, par la fixité et l'élévation de ses prix, ce contrepoids nécessaire en face des aléas du marché mondial. Le pétrole roumain se cote aux mêmes prix, que les produits russes et galiciens, soit en général 0 fr. 80 à 1 franc au-dessous des pétroles américains. Il arrive souvent que les produits roumains ne se vendent pas sous leur véritable origine ; on les livre en grande partie sous l'étiquette russe. Aussi les documents des pays importateurs sont-ils parfois très différents de ceux de la statistique
ET LE CONGRÈS DE BUCAREST
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correspondante de Roumanie (*). La raison de cette dissimulation d'origine est parfois la réduction des droits de douane dont bénéficient les pétroles de Russie ; une raison plus générale est un certain discrédit dont les produits roumains ont été et sont encore l'objet sur plusieurs marchés d'Europe. Ce discrédit, justifié peut-être il y a quelques années, ne parait pas répondre à une infériorité réelle. L'industrie du raffinage en Roumanie date de très peu de temps: les industriels, peu familiarisés encore avec les détails d'une fabrication, qui doit s'adapter aux conditions particulières de chaque région, ont pu livrer dans les débuts des produits moins parfaits que ceux des autres pays. Les fabriques se sont organisées depuis lors; elles disposent aujourd'hui d'un outillage très perfectionné; elles réussiront, fût-ce au prix d'une certaine complication dans le travail, à tirer de leur pétrole des produits comparables à ceux de Russie et des États-Unis. Les réputations en matière commerciale se modifient sans doute lentement ; mais le discrédit du pétrole roumain est certainement appelé à s'effacer; toute dissimulation d'origine deviendra dès lors sans objet. Nous allons passer rapidement en revue le détail des exportations par pays consommateurs. France. — La France est le client le plus important de la Roumanie au point de vue du pétrole : la situation à cet égard s'est complètement modifiée depuis 1903. (*) L'écart est, parait-il, très net pour l'Allemagne et l'Angleterre. En ce qui concerne la France, nous avons pu constater une concordanca assez complète entre les chiffres de la douane roumaine et ceux du Tableau général du Commerce de la France : mais la concordance ne se retrouve pas dans la répartition par catégories. Une grande partie des produits expédiés sous le nom de « lampant » sont classés en France comme « pétrole brut » : il s'agit du produit connu sous le nom de « distillât », mélange artificiel de lampant et de produits lourds, frappé des mêmes droits que le pétrole brut.