Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 243]

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LA LUTTE CONTRE LES FEUX SOUTERRAINS

aux appareils respiratoires pour la solution de ce dilemme. On supprimerait plus ou moins complètement l'arrivée d'air dans la région du feu et les équipes, pourvues d'appareils, iraient procéder à l'extinction et au détournement. Sans parler même de la question de sauvetage, nous nous garderons bien de nier l'utilité des appareils, comme instruments de travail ou de surveillance. Nous avons déjà envisagé la possibilité de leur emploi dans la période de reconnaissance; nous en signalerons de même l'intérêt pour l'inspection du retour d'air et pour certaines opérations à effectuer sur le trajet des fumées. Ils ont d'ailleurs été utilisés sur une vaste échelle en Allemagne et en Autriche et les revues étrangères contiennent à ce sujet des développements très complets; mais les opérations dont il s'agit concernent beaucoup moins la lutte directe que les travaux de rentrée dans des régions barrées. Il convient, croyons-nous, de se montrer plus réservé au sujet de leur utilisation dans la période d'attaque proprement dite, dont nous traitons en ce moment. La suppression ou la diminution du courant d'air auront comme conséquence immédiate l'élévation de la température; celle-ci ne tardera pas à devenir intenable. L'appareil peut permettre le séjour dans une atmosphère irrespirable; il est impuissant contre la chaleur. Cette circonstance suffirait, croyons-nous, à en écarter l'emploi, dans la plupart des opérations que nous venons de décrire. A cette considération s'ajoute celle tirée de l'encombrement : il suffit d'avoir assisté à des travaux contre un incendie pour savoir que l'encombrement est l'une des caractéristiques d'un chantier de feu. Il provient à la fois de la section réduite donnée aux diverses recoupes, $0 matériel amené à pied-d'œuvre (pompe d'embouage, chariots de cendres ou de remblai), du personnel toujours nombreux occupé dans un espace restreint, des soutènements provisoires établis, pour gagner du temps, à l'inté-

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rieur des anciens cadres. La possibilité d'opérer dans un courant d'air réduit, en utilisant les appareils, ne serait pas d'ailleurs une raison suffisante pour abandonner la règle primordiale de procéder toujours par petite section. L'inconvénient de l'encombrement subsistera donc et cette circonstance parait bien constituer, étant donnée du moins la disposition de nos mines, un obstacle sérieux à l'emploi des appareils. Les ouvriers perdraient toute liberté do mouvement; les appareils seraient soumis à des chocs qui ne manqueraient pas de les endommager.. Les risques d'asphyxie sont enfin relativement restreints, les travaux s'effectuant généralement du côté de l'entrée d'air (*). La difficulté principale réside ainsi dans l'élévation de la température ; l'appareil n'apporte à ce sujet aucune amélioration et le principe de la méthode sans air apparaît dès lors d'une application assez limitée dans la période d'attaque directe. On s'efforcera donc d'envoyer au chantier la quantité d'air suffisante pour refroidir l'atmosphère et diluer les fumées. Placés dans de bonnes conditions de travail, les ouvriers progressent plus rapidement que le feu. On pourra, sans doute, si le courant d'air est assez important, le réduire par l'interposition d'une toile ou d'une porte; mais cette mesure sera bien souvent superflue (**). Loin d'avoir à restreindre le courant, on aura, plus fréquemment, à se préoccuper de le renforcer. Les travaux d'attaque directe consistent, dans la plupart des cas, dans l'exécution de recoupes branchées sur les niveaux et tra(*} Les fumées peuvent cependant s'accumuler au sommet d'une cloche ou dans un cul-de-sac; l'appareil peut rendre dans ce cas d'assez utiles services, pour pénétrer dans la cloche et en opérer le déblaiement, à moins que l'élévation de la température ou l'abondance des gaz hydrocarbures n'oblige au préalable d'y envoyer un courant d'air frais, rendant l'appareil plus ou moins superflu. (**) On devra veiller, comme nous l'avons indiqué plus haut, à ce que l'établissement de ces portes ne provoque pas de nouveaux courts circuits dans le massif échauffé.