Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 245]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

486

LA LUTTE CONTRE LES FEUX SOUTERRAINS

sait à ces tournées, nous conseillerions volontiers de les effectuer à l'aide d'appareils respiratoires ; on enverra au besoin quelques boiseurs, pourvus d'appareils, procéder aux réfections les plus urgentes. Sécurité du personnel. — Les travaux précédents comportent des dangers variés. Les risques ordinaires d'éboulement se compliquent ici du risque de brûlures : c'est une raison nouvelle pour veiller d'une façon spéciale, dans le chantier du feu, à la solidité des soutènements et au garnissage soigné de la couronne. Nous avons mentionné plus haut le danger de brûlures ou d'explosion, provenant de la projection de l'eau d'arrosage sur les blocs incandescents. L'opération doit être effectuée sans brutalité ; les lances doivent être d'une longueur suffisante pour permettre à l'ouvrier de se tenir à 2 ou 3 mètres en arrière. Les risques d'asphyxie sont relativement restreints, les ouvriers ne travaillant pas, en général, sur le retour des fumées. L'envoi dans le chantier d'une quantité d'air suffisante, si favorable d'autre part au succès de la lutte, constitue également, au point de vue de la sécurité, la plus sûre des garanties. Si les conditions de l'atmosphère devenaient trop pénibles, il conviendrait d'organiser immédiatement le travail par équipes alternantes ; nous retrouverons cette organisation au sujet des barrages de sortie. > Risques d'explosion. — Il nous reste à envisager le risque le plus grave, celui de l'explosion : nous ferons ici une distinction essentielle, que nous avons négligé à dessein de faire intervenir dans les pages précédentes ; il s'agit de la présence ou de l'absence du grisou. A vrai dire, la distinction n'est peut-être pas aussi absolue qu'on pourrait le penser. Les fumées d'un feu

LA LUTTE CONTRE LES FEUX SOUTERRAINS

487

contiennent, outre les produits inertes (acide carbonique, vapeur d'eau, azote) des substances de nature explosible (hydrocarbures, oxyde de carbone) ; elles sont comparables aux retours d'air des mines les plus grisouteuses ; d'où la nécessité, stipulée dans tous les règlements, de supprimer toute lampe à feu nu dans les chantiers des feux ou sur le retour des fumées (*). Mais, si l'on peut supprimer les lampes, on ne saurait évidemment faire abstraction du feu proprement dit. La présence simultanée de produits explosibles et de points en ignition ne crée-t-elle pas la menace d'une explosion, même dans une mine non grisouteuse, pendant la période d'attaque directe ? a) Mine non grisouteuse. — Nous ne voudrions pas exagérer la gravité de ce risque spécial. Le cas où les fumées acquièrent une teneur explosible est relativement rare dans les mines non grisouteuses, pour les feux de gravité moyenne. Les fumées, d'autre part, ne séjournent pas au contact immédiat du feu : le courant d'air les emporte au loin, qu'il s'agisse soit du courant normal de la mine, soit du courant secondaire, établi spécialement dans le chantier. Enfin le dégagement d'hydrocarbures inodores, tels que le grisou, est en général accompagné d.i produits irritants, rendant l'atmosphère du chantier très pénible à respirer ; les fortes proportions de produits explosibles, de 2 à 3 p. 100, seront rarement atteintes, sans que la difficulté du séjour au chantier n'ait attiré l'attention de la surveillance, ou même obligé (*) Nous rappellerons les prescriptions suivantes des règlements de police des mines du Centre. Oins le voisinage des feux, l'ingénieur fera indiquer les limites que l oti ne peut franchir avec des lampes à feu nu. Dans ces limites, on se conformera, pour ce qui concerne l'éclairage, aux dispositions stipulées pour les mines à grisou. Les gaz dégagés par les feux ne devront rencontrer sur leur parcours ni lampe à feu nu, ni, autant que possible, d'autres feux.