Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
482
SUR LA RADIOACTIVITÉ
DES
SOURCES
THERMALES
nous nous sommes bornés à une étude sommaire des produits solides. Nous avons pratiqué uniquement l'examen direct au moyen de l'appareil de déperdition à plateau de MM. Cheneveau et Laborde(*), qui n'utilise que quelques grammes de matière. On voit, çà et là, sur les murs des galeries, des produits cristallins blancs, qui se présentent sous la forme de croûtes se détachant facilement. Sous l'influence de ces matières, la vitesse de chute de la feuille de l'électroscope était de l'ordre de grandeur de la fuite spontanée. Le fond des griffons est, en général, recouvert de boues gris noirâtre; nous avons étudié les boues du griffon du Bordeu (Grande Source de la galerie François). Après dessiccation à l'étuve, elles ont été examinées suivant la même méthode que le produit précédent ; elles ne présentaient aucune radioactivité appréciable. Nous avons obtenu le même résultat négatif pour la « sulfuraire » flottante du même griffon, qui fut également examinée après dessiccation à 100°. Les produits solides des griffons et des galeries ne sont donc pas sensiblement radioactifs (**).
(*) Loc. cit.
(**) Il est probable qu'une étude approfondie montrerait que ces produits solides contiennent des traces d'éléments radioactifs. Les récentes déterminations de M. Joly (/on. novembre 1908 et janvier 1909), après celles de M. Strutt, ont établi, en effet, qu'il existe en moyenne 6,8. 10" 12 gramme de bromure de radium par gramme de. roches volcaniques ou sédimentaires de la croûte terrestre. Pour déceler des quantités de sel de radium de cet ordre de grandeur au moyen de l'appareil de MM. Cheneveau et Laborde, il faudrait extraire l'émanation d'au moins 100 grammes de minéral.
DE BAGNÈRES-DE-LUCHON
483
II. — CONCLUSIONS. — CONSIDÉRATIONS ET OBSERVATIONS DIVERSES.
Nos expériences, qui ont porté sur vingt sources, ont clairement établi quelques points positifs : 1° La station thermale de Bagnères-de-Luchon est nettement radioactive ; 2° Les sources de Bagnères-de-Luchon doivent leur radioactivité à l'émanation du radium ; 3° Les sources sont très inégalement radioactives. Les gaz, dans les quelques griffons où il s'en dégage spontanément, sont tous riches en émanation du radium. Si la radioactivité des eaux de certaines sources est faible (Bayen, Reine, etc.), d'autres, par contre, sont fortement radioactives (Bordeu, groupe Ferras, groupe du Pré). Il y avait lieu de rechercher une relation possible entre le degré de radioactivité des sources et quelque autre caractère, d'ordre physique ou chimique. Si, en regard des résultats numériques de nos mesures, on range, pour les mêmes sources, les chiffres indiquant les températures des eaux au griffon, ou les minéralisations totales ou partielles, aucune loi simple n'apparait. Nous avons cru utile néanmoins, pour mémoire, de rappeler quelques données principales. Dans le tableau suivant, les sources sont classées par ordre de décroissance de la radioactivité. Outre les températures (déterminées par nos propres soins au voisinage de la surface) nous y faisons figurer les minéralisations totales et les sulfurations d'un certain nombre de sources,' telles que nous les avons trouvées dans l'ouvrage sur Les eaux minérales de France, de MM. Jacquot et Wilm (1894).