Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 117]

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ROLE DE L'EAU DANS LES PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES

chlorures, car ces oxydes fixes n'ont pu être volatilisés tels quels. Les chlorures correspondants sont au contraire volatils ; arrivés avec les laves ils ont été en partie décomposés par la vapeur d'eau et ont donné ces oxydes en même temps que de l'acide chlorhydrique; l'on sait que ce dernier s'exhale toujours abondamment, en effet, des laves incandescentes. Mais remarquons bien que si l'eau décompose ces chlorures en donnant des oxydes ou des oxychlorures et de l'acide chlorhydrique, cette réaction est réversible. Lorsque l'acide chlorhydrique devient abondant comme dans les fumerolles très chaudes, il attaque les oxydes et oxychlorures et les fait repasser en partie à l'état de chlorures. La proportion d'acide chlorhydrique, dès qu'elle devient un peu forte , limite donc l'action de la vapeur d'eau et permet la coexistence observée des chlorures et oxychlorures à côté des oxydes correspondants (*). Une nouvelle preuve que les choses se passent bien ainsi, c'est que les combinaisons volatiles chlorées du bore, du silicium, du phosphore et du carbone que décompose la vapeur d'eau en donnant des oxydes non retransformables en chlorures sous l'action de l'acide chlorhydrique, manquent absolument dans les dépôts des fumerolles, parce qu'une fois transformées par la vapeur d'eau en acides borique, silicique, phosphorique, carbonique, ces derniers oxydes ne peuvent plus repasser, même partiellement, par réaction inverse, à l'état de chlorures correspondants sous l'influence de l'acide chlorhydrique ambiant. On voit donc que l'existence dans les laves et les efflorescences d'origine volcanique de certains chlorures (*) J'avais signalé déjà ces faits de réversion; ils obligent M. Brun à admettre qu'il doit bien y avoir de l'eau dans les gaz fumerolliens ou cratériens, et il dit : « 11 est impossible que le cratère, dans celle période, émette assez d'eau pour attaquer les chlorures. La réaction étant réver2 sible, il faut que H 0 soit en proporlion plus petite que HC1 pour ne pas même pouvoir faire des oxychlorures. » (lbid., novembre 1906.)

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métalliques décomposables par la vapeur d'eau, mais accompagnés des oxydes correspondants et d'acide chlorhydrique, loin d'être un argument valable pour établir l'absence de la vapeur d'eau dans les déjections volcaniques, confirme au contraire, par la preuve de la décomposition limitée et réversible des chlorures volatils correspondants, la présence de cette vapeur d'eau. Je pense avoir établi dans ce mémoire que la vapeur d'eau sort bien des volcans souvent en quantités énormes avec les laves et les gaz. Il ne saurait d'ailleurs en être autrement : personne ne met en doute la présence dans les gaz volcaniques de l'hydrogène, et de l'acide carbonique; or j'ai démontré expérimentalement qu'au rouge l'eau prend toujours naissance dans ces conditions, grâce à la réaction mutuelle de ces gaz, réaction d'ailleurs réversible : CO 2 + H 2 S = H 2 0 + CO.

Il est donc indubitable qu'en dehors même de l'eau cédée par le réchauffement des roches les plus profondes lorsqu'elles sont pénétrées par les laves, de l'eau de nouvelle formation se produit sans cesse, et sans qu'intervienne aucune éruption, dans les régions ignées de notre globe. III. Issus du foyer central, les chlorures métalloïdiques de bore, de phosphore, de silicium, etc., sont changés au contact de la vapeur d'eau en acides borique, phosphorique, silicique. D'autre part, en vertu d'une réaction ignée, signalée déjà par Gay-Lussac et Thénard, en présence de l'acide silicique, dont on vient de dire l'origine, les chlorures alcalins donnent naissance au rouge, au contact de la vapeur d'eau, aux silicates correspondants, tandis que l'acide chlorhj'drique est mis en liberté. En vertu d'une réaction semblable, les chlorures d'aluminium, de magnésium, de calcium, se transforment en silicates correspondants. De l'union de ceux-ci avec