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LES
GISEMENTS AURIFÈRES
s'opère par des moyens on ne peut plus rudimentaires : sur les gradins qui donnent accès au fond des fouilles, des indigènes forment la chaîne et se passent les ustensiles de cuisine ou de ménage avec lesquels on puise l'eau : seaux en toile, marmites, calebasses, etc. On voit la perte de temps à laquelle entraînent de pareils procédés, surtout pendant la saison des pluies où la plaine de l'Ambavazoro est transformée en im véritable lac au-dessus duquel les collines aurifères émergent comme des îlots. Le quartz abattu est remonté dans des sobika (sorte de paniers malgaches) sur la tête des femmes, quand la fouille n'est pas trop profonde, au moyen de cordes en rafia, dans le cas contraire. Le triage s'opère immédiatement, à la main, au bord du trou même. Grâce à leur acuité visuelle, les Malgaches (cè sont surtout des femmes qui se livrent à cette opération) ne rejettent que peu de minerai aurifère ; il ne parait pas douteux, cependant, qu'on élimine aussi des quartz à teneur rémunératrice. Le quartz retenu (la cueillette d'un jour, pour une équipe, tiendrait souvent dans le creux de la main) est porté à l'atelier de broyage où il est finement pulvérisé entre deux pierres très dures (quartzite compact), puis, lavé à la bâtée. La teneur de cette poudre aurifère est ordinairement très élevée; certains fragments ont donné plus de 500 kilogrammes d'or à la tonne. Le soin apporté au triage du quartz jugé digne d'être broyé et la localisation intense du métal précieux expliquent ces teneurs énormes. Le broyage et le lavage se pratiquent à l'intérieur d'une enceinte entourée de palissades en branchages, de 2 m ,20 à 2 m ,50 de hauteur, sous la surveillance vigilante de Sénégalais chargés de la police dans les camps miniers. Cette police, entretenue par l'exploitant, est par-
DU
NORD DE
MADAGASCAR
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venue à réduire considérablement les fuites, sinon à les supprimer complètement. La fraude s'opérait surtout par l'intermédiaire des mercantis accourus comme des vautours dans la région déserte de l'Andavakoera, lors de la découverte des placers. MM. Mortages et Grignon ont installé sur leurs camps des cantines dont la gérance est confiée à un Européen choisi par eux, et il est interdit à leurs ouvriers d'aller s'approvisionner ailleurs. Ce n'était pas seulement de la poudre d'or qui fuyait, mais encore des quartz à or visible, .choisis parmi les plus beaux ; la prospérité de certains « piquets » (*) voisins semble bien n'avoir pas eu d'autre origine. Comme on le voit, les procédés d'extraction de l'or à Andavakoera sont des plus primitifs et un ingénieur qui a visité la région a pu écrire avec raison « qu'on n'exploitait pas autrement du temps de Sémiramis ou du roi Salomon (**) ». line faudrait pas croire, néanmoins, que la méthode malgache est inappropriée ; il semble, au contraire, qu'à l'heure actuelle elle s'impose par suite de la discontinuité des filons et de la répartition capricieuse de l'or. Pour créer des sièges d'extraction, foncer et équiper des puits, percer des galeries, se livrer en un mot à des travaux préparatoires coûteux, il faudrait avoir reconnu des gîtes représentant un tonnage suffisant et une teneur convenable. Or, là, rien de semblable. Tel qui, aujourd'hui, a extrait de son trou plusieurs kilogrammes d'or, ne trouvera plus rien demain, sans qu'on sache pourquoi, l'allure et l'aspect du filon n'ayant pas changé. '(*) A Madagascar, on désigne sous le nom de « piquet » le poteau signal qui marque le centre du cercle de recherche et, par extension, ce cercle lui-même. (**) ALBERT BORDEAUX, les Mines cl' Andavakoera à Madagascar {la Nature, n° 1929, 14 mai 1910).