Annales des Mines (1912, série 11, volume 2) [Image 215]

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REVUE DES ACCIDENTS D' APPAREILS A VAPEUR

partenait avait calé, au moyen de coins de bois, les soupapes de sûreté. Le chauffeur déclare avoir fait remarquer à son patron que cette opération était défendue ; mais celui-ci aurait répondu que tous les propriétaires de locomobiles semblables à la sienne étaient obligés de caler les soupapes, sans quoi le travail ne serait pas possible. La locomobile fonctionna en conséquence à une pression variant, d'après les témoins, entre 6 et S kilogrammes (le timbre était de 6 kilogrammes, la flèche rouge du manomètre était sur 8 kilogrammes) et qui, dit-on, aurait mêmedépassé quelquefois 8 kilogrammes. A quatre heures et demie du soir, on stoppa pour le nettoyage de l'aire, et c'est une heure après, alors qu'on se disposait à remettre la machine en marche, que l'explosion se produisit. Un témoin a prétendu que l'aiguille du manomètre, dépassant le chiffre 10 de la graduation, était parvenue à l'extrémité dcsa course. Si ces témoignages sont véridiques, on serait donc en présence d'un excès de pression manifeste. D'autre part, il a été constaté, lors de l'enquête, que la tôle du foyer présentait sur le bord de la partie déchirée une coloration rouge ; le ciel était entièrement décapé ; la rupture avait été précédée d'un étirage de la tôle, assez faible cependant. Ce sont là des indices de surchauffe, qui peuvent faire conclure à l'intervention d'un manque d'eau. Il est vrai que la partie avariée n'était pas celle qui aurait dû manquer d'eau la première si la locomobile avait été établie sur un sol horizontal ; mais il est admissible qu'elle ait eu une extrémité plus basse que l'autre et un côté plus bas que l'autre, à raison de la déclivité du terrain. Les conséquences de cet accident ont été fort tristes. Deux enfants de onze à douze ans furent projetés sur un pailler auquel l'explosion mit le feu, et ils furent carbonisés. L'aide-chauffeur, âgé de dix-sept ans, et un autre

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jeune homme âgé de vingt-deux ans, furent brûlés mortellement. Cinq autres hommes et jeunes gens furent blessés. Accidents du 7 septembre 1906 au Pas (Mayenne) et du 19 août 1911 à Saint-Aubin-de-Terregatte (Manche). - De ces deux accidents, qui du point de vue des causes demandent à être rapprochés, l'un a tué trois hommes, blessé grièvement trois autres personnes, dont un enfant de douze ans, et allumé un multiple incendie; l'autre a été purement matériel. Dans le premier cas, la chaudière datait de trente ans ; dans le second, elle était -d'âge inconnu, mais certainement ancien. C'étaient de petites chaudières cylindriques terminées par des fonds plats, et dont le foyer intérieur était cylindrique, mais non pas à section circulaire : ce foyer avait une forme méplate mesurant environ 40 centimètres dans le sens vertical et 50 centimètres horizontalement. On reconnaît la forme des chaudières de locomobiles batteuses qui ont déjà fait explosion, par écrasement de leurs foyers, en août 1894 à Prat (Côtesdu-Nord), en septembre 1894 à Héric (Loire-Inférieure), en août 1898 à Sarzeau (Morbihan). Il ne faut pas, toutefois, exagérer la valeur de ces rapprochements; le ciel du foyer s'est rompu, dans ces différents cas, sous des inlluences assez diverses. L'accident d'Héric a été vraisemblablement causé par un manque d'eau : on n'est donc point fondé à faire intervenir, dans son explication, la forme du ciel du foyer. L'accident de Prat a eu pour cause directe un excès de pression ; déjà ici l'on peut remarquer que si, par l'effet d'un excès de pression, le foyer s'est rompu et non l'enveloppe, c'est que le foyer était une partie de moindre résistance. Quant à l'accident de Sarzeau, il paraît avoir été le résultat de l'amincissement du ciel par la corrosion, amincissement auquel devait céder d'une manière particulièrement facile un foyer de