Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
296
LES EXPÉRIENCES DE COMMENTRY
297
SUR LES INFLAMMATIONS DE POUSSIÈRES
notablement inférieure à celle des entrées, ont été cependant parcourues par l'explosion qui y a causé des éboulements ; il est vrai que ces retours étaient grisouteux. Il ne nous appartient pas d'émettre une opinion sur les causes de l'explosion de la Clarence et les motifs de son extension à la plus grande partie des travaux ; il est cependant de notre devoir d'envisager les diverses hypothèses et leur répercussion possible sur l'orientation à donner à nos recherches. On a pu supposer que le grisou avait joué un rôle important, que grâce à la présence de ce gaz, soit à faible teneur au sein du courant d'air, soit à forte teneur dans les vides du garnissage et les inégalités du toit, où il échappe au contrôle de la lampe, l'explosion avait pu se développer dans les retours d'air, alors que, par les poussières seules, la propagation eûtété difficile ou impossible ; dans cette hypothèse, l'explosion, pénétrant d'un quartier à l'autre par les retours, aurait eu plutôt tendance à s'amortir en se dirigeant vers les entrées, en raison de la moindre proportion de grisou et grâce à la schistification précédemment appliquée dans ces galeries à assez haute dose. Comme conséquence de cette interprétation il faudrait appliquer, avec plus de soins encore, les précautions bien connues relatives au grisou ; d'autre part, les expérimentateurs devraient rechercher si l'action des arrêtsbarrages peut être rendue assez effective pour couper non seulement un coup de poussières simple, mais encore un coup de poussières en atmosphère plus ou moins chargée de griso%, ou un coup de grisou pur, ou une flambée de grisou se propageant à la faveur d'une suite d'accumulations de gaz au toit des galeries. Le problème ainsi étendu paraît bien difficile à résoudre ; il faudra cependant qu'il ne soit pas perdu de vue par la Station d'Essais de Liévin.
Une autre interprétation de l'accident laisserait aux poussières le rôle principal dans la propagation; on n'écarterait pas l'idée que l'explosion a pu passer d'une partie à l'autre de la mine par les entrées d'air; son allure lente serait la conséquence de circonstances particulières dans la disposition des galeries ou dans la composition des poussières dont la teneur en cendres avait été accrue par la schistification. Si l'on a peine à concevoir, d'après les résultats de la galerie d'essais, comment une explosion déjà amortie aurait pu continuer à se propager en un gisement schistifié comme devaient l'être les voies de communication envisagées, surtout avec la possibilité de détente en arrière quand la flamme s'est éloignée du puits, on n'est pas en droit d'en conclure à l'inexactitude de cette hypothèse ; car il reste encore beaucoup à apprendre au sujet de la propagation des coups de poussières, et les résultats obtenus dans le cas particulier d'une galerie d'essais ne sont pas nécessairement identiques à ceux que l'on obtiendrait dans les cas plus complexes et variés de la mine ; c'est même cette considération qui, avant l'accident de la Clarence, avait fait décider les expériences de Commentry. Il faut donc, comme conséquence de cette interprétation de l'accident, envisager l'éventualité d'explosions relativement lentes, n'ayant pas le caractère progressif de presque toutes les explosions réalisables à Liévin et cependant ne s'amortissant pas d'elles-mêmes jusqu'à extinction. Les coups à balancements obtenus à Liévin avec des gisements voisins delà limite d'aptitude à la propagation, ou par des détentes partielles en arrière de la flamme, se rattacheraient à ce type ou degré d'explosions. Toutefois, même dans les coups à balancements, les chasses d'air en galerie d'essais étaient assez, fortes pour soulever une bonne part des cendres accumulées sur les arrêts-barrages, créer une zone de schistification intensive et couper la Tome V, 1914.
20