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CAUSE PROBABLE DU TRANSPORT
angles et leurs arêtes émoussés ou écornés par le frottement qu'ils éprouvent les uns contre les autres, néanmoins on trouve quelquefois sur le dos des glaciers de gros blocs isolés qui arrivent sans frottement, et par conséquent bien conservés jusqu'au pied du glacier. Ce fait explique la manière
dont quelques-uns des blocs erratiques ont pu être transportés à de fort grandes distances sans avoir éprouvé de frottement, et sans que leurs angles et leurs arêtes aient été sensiblement endommagés. La forme des moraines est celle d'une digue ou d'un rempart, terminé par une ou plusieurs arêtes. Dans certains cas elle est conique , ou bien elle présente une foule de monticules coniques. Lors-
qu'un glacier, comme il arrive le plus souvent, a plusieurs moraines, elles sont toujours parallèles entre elles, et placées à des distances inégales. La configuration intérieure et extérieure des moraines , et leur disposition mutuelle sont donc
exactement les mêmes que celles des dépôts des blocs erratiques. Les glaciers ne produisent jamais, comme les torrens et les rivières, de dépôts en forme de lits
ou de nappes, parce qu'ils creusent toujours le terrain jusqu'au roc vif, poussant devant eux toutes les terres, graviers et blocs qu'ils rencontrent sur leur passage, phénomène connu de tous ceux qui ont observé des glaciers dans le temps où ils sont en progression, et qui s"explique très bien
par la manière dont les glaciers augmentent et avancent. Puisque les glaciers en s'avançant déblaient le terrain jusqu'au roc vif, nous pouvons facilement concevoir pourquoi nos lacs n'ont pas été comblés par la quantité immense de blocs, de
DES BLOCS ERRATIQUES DE LA SUISSE.
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>gravier et de sable qui ont dû les traverser, ou plus exactement, qui ont dû passer par dessus, et qui, s'ils avaient été- amenés par de l'eau , n'auraient pas manqué de les remplir. L'intérieur d'un glacier présente toujours de la glace, ou plus exactement, de la neige congelée
pure, c'est-à-dire exempte de tout mélange de terres et de pierres. Lorsque des blocs tombent par des crevasses au fond du glacier, ils sont pous-
sés et roulés en avant; s'ils restent pris ou serrés entre les parois de la fente, ils reparaissent au bout d'un certain temps à la surface du glacier, mais plus bas que l'endroit où ils sont tombés (i);
lorsqu'enfin un bloc est tombé au fond d'u n glacier à peu de distance de S011 et dans le temps où il est rétrograde, c'est-à-dire pied'dans le temps où il. fond plus qu'il n'avance ,le bloc restera à la même place et dans la position dans laquelle il s'est arrêté après sa chute.
Ces faits, dont l'exactitude est confirmée par tous ceux qui connaissent bien les glaciers, nous expliquent pourquoi on trouve si peu de dépôts de blocs erratiques dans les plaines des vallées et au pied des Alpes, ou, en d'autres termes, pourquoi ces blocs sont peu nombreux dans toutes les contrées qui ont été lit ou fond de ces vastes glaciers, tandis qu'ils forment de vastes dépôts en
(i) Ce fait qui, au premier abord, paraît fort singulier,
est connu de tous ceux qui sont dans le cas de voir et d'observer habituellement les glaciers. Il a été très bien expliqué par M. Venetz dans un Mémoire communiqué à la Société -helvétique des sciences naturelles , lors de sa réunion à Berne en 1816.