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POEME SUR LES FORGES
cevoir la mort clans la caverne du mont Avantin pour prix de son vol sacrilége. Il faut que l'ouvrier passe sept jours et sept nuits à veiller avec soin à la cuisson du charbon, qu'il prévoie les pluies qui pourraient survenir, qu'il observe si c'est le vent
du midi qui souffle, quel est l'aspect du ciel, qu'il examine les astres. Il ne se laisse 'jamais tromper par le bouvier et ses tardifs chariots, ni par Orion qui présage les pluies; il connaît parfaitement les diverses phases de la lune. Cependant la cuisson du charbon s'opère, le charbonnier peut se
reposer de temps à autre au pied du bâcher. Dès que le coq a fait entendre son chant matinal , sa femme vient le trouver pour l'aider à supporter sa peine : elle lui apporte de l'ail , de l'oignon, du sel, de l'huile, une gourde remplie .de petit vin, et du lard bien gras. Elle veille quelques nuits pour tenir compagnie à son mari fatigué , et ne craint pas de partager avec lui les peines de la veillée, apprêtant son repas , préparant sa couche, balayant sa cabane ( car il a pris soin.. de s'en élever une); notre homme travaille sans connaître l'ennui, et prend ses repas avec sa femme, toujours aussi gaie que lui. Au bout 'de sept jours la cuisson du charbon est entièrement accomplie,, et l'on voit cesser la fumée et le feu. Alors on découvre la pile au moyen de râteaux ; le bois puait avoir éprouvé une. Mutation complète. Ainsi les bûches, qui peu de temps auparavant étaient d'un bois blanc et humide , paraissent noires et sèches ; cependant elles ne sont pas diminuées par l'i,.ction du feu, elles conservent la même grosseur, seulement elles changent de couleur et ac-
quièrent une nouvelle propriété. Il faut qu'un charretier accoure (car la pluie nuit au charbon),
DE NICOLAS BOURBON.
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qu'il amène cl es chevaux et une voiture, et transporte le charbon dans la demeure des forgerons. En voilà assez sur ce sujet. Maintenant parlons pour procéder par ordre des ouvriers terrassiers , et exposons les remarques qui ne m'ont pas échappé, malgré ma jeunesse. On nomme ainsi les ouvriers qui, après de nombreuses fatigues,de longs travaux,
parviennent à extraire le minerai de fer, qui, en creusant sans cesse, pénètrent dans les entrailles dé la terre pour y trouver les veines de fer cachées dans ses profondeurs, et en retirent ensuite le métal au moyen d'une corde et d'une machine tournant sur elle- même. Peut-être me demanderez-vous comMent je puis savoir, à l'aspect d'un endroit, s'il con-
tient du minerai, s'il renferme une mine de fer ? Les enfants eux-mêmes, les bouviers le connaissent;
la couleur rouge du sol l'indique, et il n'y a pas de terre assez stérile pour qu'on ne puisse pas y trouver de fer. Mais apprenez quel est ordinairement le minerai de la meilleure qualité , c'est celui qui pèse beaucoup, dont la couleur tire sur le jaune, et scintille en quelques parties ; on peut être sûr de sa bonté, et quand on le fait fondre , il ne trompe que rarement notre espérance. Nous devons alors nous promettre une grande abondance de fer. Quant au minerai, d'un poids léger
et d'une teinte pâle, il est absorbé par le feu semblable à du limon et laisse dans le fourneau une grande quantité de substances étrangères, malgré le secours des soufflets, qui:deviennent Enfin il faut faire subir à tout minerai l'opération accoutumée du lavage ; s'il est trop gros et trop mélangé on le place sur des charbons pour le faire cuire, puis, quand on l'a réduit en petit