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POEME SUR LES FORGES
morceaux, on le lave dans un cours d'eau disposé à cet effet; ensuite on le transporte au pied du fourneau à l'entrée. Sur le bord du fleuve Barsa est placé le fourneau, comme on l'appelle,
masse de la forme d'un carré, grossièrement construite en pierres communes : au dedans sont
des cailloux fort durs qui ont l'admirable propriété de 'résister au souffle de la flamme et aux ravages du feu. Les deux immenses soufflets de peaux de boeufs alimentent le fourneau par derrière, et obéissent à une roue que l'eau fait tourner sans cesse. Es se meuvent et soufflent l'un après l'autre, s'enflent et se désenflent tour à tour, et leurs mouvements se succèdent avec une
grande égalité. Près de là se tient le fondeur (c'est le nom de cet ouvrier), il faitcouler adroitement le fer qu'on nomme fer fusible, ralentit ou précipite l'action des soufflets et au moyen de crochets de fer enlève les substances étrangères et règleA'ardeur du feu ; il sépare le fer purifié de celui qui ne l'est pas, et veille jour et nuit endurci au travail et habitué à toutes les fatigues il dort, dit-ou, à peine une demi-heure , -et sa peine est continuelle pendant les deux mois entiers qu'on laisse le fer dans l'intérieur du fourneau et qu'il reste des soufflets de rechange pour remplacer les premiers quand ils sont hors de service, renouveler la chaleur et entretenir le feu. Là des ruisseaux de fer coulent du fourneau, le métal liquéfié s'échappe avec un sifflement aigu, et en répandant des tourbillons de flamme et de fumée qui paraissent s'élever jusqu'aux astres;
telles s'exhalaient de l'Etna des colonnes de flamme et de fumée lorsqu'Encela de s'efforçait,
mais en vain, de dégager son corps écrasé par
DE NICOLAS BOURBON.
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cette immense montagne, et ne pouvait respirer qu'avec peine au milieu de ses inutiles efforts; un bruit semblable au tonnerre éclate ; les flammes s'élancent en bouillonnant et les eaux de la mer frémissent. Durant l'opération un autre ouvrier
aide le fondeur, il est chargé de remettre du charbon et du minerai dans le fourneau dès qu'un
vide s'y est Lit par sa large ouverture; cet ouvrier reste toujours au sommet du fourneau comme un gardien vigilant, semblable par sa figure et son extérieur au nocher des enfers; il a avec lui des ouvriers qui font d'abord des vases d'une forme ronde et creuse avec du limon, puis ils coulent le fer dans ces moules; et même (prodige inoui! ) ils fondent des bombes ( tel est le nom qu'on donne à ces machines infernales, invention du démon, présent de la fureur et de la colère des dieux, armes terribles que Vulcain ac-
corda pour la première fois aux Germains ) ; outre les bombes, ils coulent des mortiers qui servent à ébranler les murailles, et à détruire les villes et les citadelles jusque dans leurs fon-
dements. Semblables à la foudre qui porte la
flamme et le feu, ces machines terribles lancent des bombes dont l'effet est pareil à celui du tonnerre. On n'appelle pas encore fer pur celui qui sort du fourneau. Bientôt un autre ouvrier lui fait subir de nouveau l'action du feu, le purifie une deuxième fois dans un vaste fourneau , et rend le fer assez
mou pour lui faire prendre la forme de boules. Viennent aussitôt des ouvriers habiles qui le polissent et l'allongent. Ils ont un marteau de fer immense que fait mouvoir la force des eaux. ils Tome XII, 1837.
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